Le leader du Likoud (droite) Netanyahu est le mieux placé pour mobiliser une coalition avec le patron de l'extrême droite Lieberman. Le faucon Benjamin Netanyahu était hier le mieux placé pour mobiliser une majorité, bien que le parti de sa rivale centriste Tzipi Livni ait décroché de justesse la première place aux législatives en Israël. Ce résultat d'une ambiguïté sans précédent dans l'histoire politique d'Israël a créé une confusion que va tenter de lever le chef de l'Etat, Shimon Peres, à qui il revient de désigner celui ou celle capable de constituer un gouvernement. «Livni a gagné la bataille, mais va perdre la guerre», titrait hier le Maariv (centre-droit). Dans tous les cas de figure, l'issue de l'élection de mardi a suscité l'inquiétude des Palestiniens, déjà échaudés par l'agression menée par Israël contre Ghaza jusqu'au 18 janvier. Les responsables palestiniens craignent au mieux une «paralysie» d'un processus de paix bancal et, au pire, un regain des violences. Un gouvernement à forte coloration de droite risquerait en outre, selon les commentateurs, de se heurter à la nouvelle administration du président américain Barack Obama qui s'est engagé à faire progresser la paix dans la région. Se faisant l'écho des cris de victoire poussés par Mme Livni et M. Netanyahu, les responsables de leurs partis ont affiché une confiance sans faille. «Je suppose que le président va choisir Benjamin Netanyahu car nous disposons d'une majorité claire», a affirmé le chef du groupe parlementaire Likoud, Gideon Saar. «Le président va désigner Tzipi qui s'adressera ensuite au Likoud, à Lieberman et aux travaillistes pour constituer un gouvernement d'union nationale», a répliqué Haïm Ramon, vice-Premier ministre sortant du Kadima. Avigdor Lieberman, chef du parti d'extrême droite Israël Beiteinou, crédité de 15 sièges, et sans qui aucune coalition ne peut être constituée, a d'ores et déjà manifesté sa préférence. «Nous avons toujours voulu un gouvernement national, un gouvernement de droite et j'espère que nous y parviendrons», a-t-il dit à l'issue du scrutin, exigeant du futur gouvernement qu'il «mette à bas le Hamas» qui contrôle Ghaza. M.Lieberman a toutefois eu un premier entretien hier avec Mme Livni. «Il y a une opportunité pour la formation d'un gouvernement d'union nationale qui pourrait promouvoir des questions importantes pour nos deux partis» a indiqué le bureau de Mme Livni après l'entrevue, soulignant qu'ils étaient convenus de poursuivre leurs contacts. Les résultats - qui seront officiellement connus aujourd'hui - donnent 28 sièges au Kadima (29 dans le Parlement sortant) et 27 au Likoud (12). Le parti travailliste du ministre de la Défense sortant Ehud Barak n'obtient que 13 sièges (19) et le parti ultra-orthodoxe Shass 11 (12). Le décompte ne comprend pas le vote de quelque 175.000 soldats - entre 5 et 6 mandats - dont le dépouillement ne devrait s'achever que jeudi. Avec le soutien de l'extrême droite et des formations religieuses, Benjamin Netanyahu apparaît en meilleure position pour former une coalition gouvernementale, sur la base d'une majorité de 65 députés sur 120, contre 55 députés qui soutiennent en théorie Tzipi Livni. Ce total comprend en effet les 11 élus des partis arabes avec lesquels Mme Livni se refuse à nouer une alliance. Le président Peres, selon la radio militaire, devrait commencer ses consultations avec les têtes de listes au milieu de la semaine prochaine, sitôt la validation officielle des résultats. «Il décidera qui sera chargé de la formation du gouvernement en fonction du nombre des mandats et des capacités du candidat à constituer une coalition», a affirmé sa porte-parole, Ayelet Frish.