Le chef du parti israélien de droite, Benjamin Netanyahu, chargé par le président Shimon Peres de former un gouvernement, a rencontré secrètement, mercredi, l'ancienne ministre des Affaires étrangères et chef de file du parti centriste Kadima. La rencontre a eu lieu au domicile de cette dernière, en présence de leurs conjoints respectifs, et a duré plusieurs heures. À l'issue des dernières élections législatives et après que le chef du Likoud eut été désigné pour former un gouvernement de coalition, Tzipi Livni, du parti Kadima, et Ehud Barak, du parti travailliste, ont refusé d'en faire partie, obligeant Benjamin Netanyahu à s'allier avec l'extrémiste anti-arabe Lieberman d'Israël Beïtenou, les ultraconservateurs et les partis religieux. Avec une telle coalition, Benjamin Netanyahu pouvait, en effet, réunir une majorité lui permettant de gouverner et les discussions ont été engagées depuis plusieurs jours. Mais, selon toute vraisemblance, une telle alliance ne sied pas à Netanyahu, surtout qu'il subit le chantage de Lieberman, fort des 15 sièges qu'il a obtenus aux législatives et qui a réclamé, dans un premier temps, le portefeuille de la Défense qui lui a été refusé, avant d'exiger celui des Affaires étrangères. L'éventualité de voir Lieberman à la tête de la diplomatie israélienne a mis en émoi la communauté internationale, car signifiant l'enterrement pur et simple du processus de paix israélo-palestinien. On peut penser que l'éventualité d'accomplissement d'une telle hypothèse, qui serait désastreuse, a poussé les Etats-Unis et certains pays de l'Union européenne a exercer de fortes pressions sur Benjamin Netanyahou pour sortir à tout prix de ce schéma. C'est ce qui explique cette rencontre secrète au cours de laquelle la possibilité et les modalités de la participation de Kadima au gouvernement ont été largement traitées. Un compromis devient envisageable sur la base d'une proposition déjà formulée par Tzipi Livni et qui consisterait en une présidence tournante du gouvernement. Benjamin Netanyahu serait à la tête du gouvernement pendant 3 ans et Tzipi Livni le remplacerait pour les 20 mois qui restent. Des indiscrétions font, en tout cas, état d'un rapprochement des points de vue et des équipes de négociateurs ont été constituées, dirigées respectivement par le député Tzahi Hanegbi pour le parti Kadima et Guidéon Saarle pour le Likoud. Le délai imparti par le président Shimon Peres à Benjamin Netanyahu pour former son gouvernement expire jeudi prochain à 11h30. Mais, réglementairement, ce délai peut être repoussé jusqu'au 3 avril. Etant donné la complexité des négociations en cours, il est peu probable de les voir aboutir rapidement et il est à peu près sûr qu'une prorogation des délais sera nécessaire, de sorte que le nouveau gouvernement israélien ait peu de chance d'être formé avant cette date limite du 3 avril. M. A. Boumendil