A travers les témoignages de deux soldats, le réalisateur Djamel Ouadah a voulu montrer l'horreur de cet essai nucléaire d'une puissance quatre fois supérieure à la bombe d'Hiroshima. Gerboise Bleue est un nom de code militaire qui cache un essai nucléaire français dans le Sud algérien, à Reggane plus précisément, opéré le 13 février 1960. Ce documentaire français de Djamel Ouahab, d'une heure et demie, est un témoignage de deux soldats français, Lucien Parfait et Gaston Morizot, victimes d'un essai nucléaire aérien qui les a défigurés tant physiquement que moralement. A travers les témoignages des deux soldats, le réalisateur Djamel Ouadah a voulu beaucoup plus montrer l'horreur de cet essai nucléaire d'une puissance quatre fois supérieure à la bombe d'Hiroshima. Par la suite, il y eut trois autres essais: «Gerboise Blanche», «Rouge» et «Verte» exécutés avec une discrétion totale. Le réalisateur nous apprend aussi que même après l'indépendance de l'Algérie, en 1962, et «selon une clause secrète des accords d'Evian, treize autres essais auront lieu jusqu'en 1967. Ils sont, cette fois souterrains, parmi lesquels le tir "Beryl" qui échoue et libère, le 1er mai 1962, un nuage radioactif contaminant tous les soldats présents sur le site d'In Eker, à une centaine de kilomètres au sud de Reggane», rapporte Jacques Mandelbaum du Monde. Plus loin, le journaliste ajoute: «Ce scandale est de deux ordres. Le premier est que cette zone d'essais, pas aussi inhabitée qu'on voudrait le croire, ne fut pas décontaminée par l'armée française lors de son départ et que le gouvernement algérien n'a visiblement pas pris non plus cette tâche à coeur.» Mais cette question pose un problème de crédibilité, comme essaie de le démontrer le documentaire avec seulement des témoignages de simples soldats. Jacques Mandelbaum écrit: «Cette question de la preuve se révèle centrale, non seulement sur le plan juridique, mais aussi pour le film, selon qu'on la juge déterminante ou non. Dans le premier cas, il sera loisible de juger le film trop compassionnel, pas assez argumenté, ne recourant pas suffisamment à l'arbitrage des experts. Dans le second, faute de pouvoir susciter cette preuve, il convient de s'en remettre à la parole, serait-elle faillible, des témoins. Dans ce dernier cas, Gerboise Bleue, à l'instar du documentaire d'Agnès Fouilleux consacré à la politique française dans les Comores, sorti le 4 février (Un aller simple pour Maboré), constitue une nouvelle pierre dans le jardin politique à la française», analyse-t-il.