Fin du suspense. Abdelaziz Bouteflika est candidat à la présidentielle d'avril prochain. Il faut dire que tous les Algériens attendaient ce moment avec la plus grande impatience. On peut dire que même à l'étranger, sa décision était très attendue. Tous ne l'attendaient, évidemment, pas pour les mêmes raisons. On peut classer en quatre catégories ces attentes. Il y a d'abord les partisans inconditionnels du Président qui se composent eux-mêmes de plusieurs sous-groupes à propos desquels nous reviendrons prochainement. Il y a et c'est la plus grande majorité, tous ceux qui étaient soucieux de la stabilité du pays, lequel ne s'est pas encore totalement remis de l'épreuve que lui a imposée le terrorisme. D'une fragilité telle, qu'une plongée dans l'inconnu, qu'aurait suivi une décision du Président Bouteflika de ne pas se représenter, aurait été de tous les dangers. Il y a cette minorité bruyante formée par l'opposition, tellement bruyante qu'elle en abuserait plus d'un, et se faire passer pour une force déterminante qui ne savait plus sur quel pied danser. S'il fallait ou non aller aux élections? Si Bouteflika y sera ou non? Un peu comme le FFS qui a attendu l'annonce de la candidature du Président pour déclarer qu'il ne participera pas à l'élection. Enfin, à l'étranger où bien des relais de notre opposition nationale attendaient le moment pour savoir «de quel bois ils allaient se chauffer». Voilà donc le candidat Bouteflika en lice. De sérieuses raisons l'ont contraint à se donner le temps de bien réfléchir. Parmi elles, le parachèvement du processus de Réconciliation nationale sans laquelle l'unité nationale restera menacée. C'est loin d'être une mince affaire qui peut se régler en deux temps, trois mouvements. En parallèle à l'instauration de la paix et la stabilité, il y a cette seconde raison qui est la poursuite du développement national. Tout un programme qui englobe les infrastructures de base et les structures de l'Etat, l'économique et le socioculturel. On apprend de la bouche du Président, en même temps que sa candidature, que l'Etat dispose encore, pour ce faire, d'une «cagnotte» de 150 milliards de dollars pour financer un nouveau plan quinquennal 2009-2014. Ce qui laisse admiratif sur la gestion des ressources financières générées par les hydrocarbures. Admiratif aussi sur la capacité à anticiper les événements qu'a notre Pré-sident. A cette cagnotte-surprise et bienvenue en ces temps de crise mondiale, il faut rappeler la décision présidentielle, contre l'avis de beaucoup d'experts, de rembourser la dette extérieure du pays bien avant l'arrivée de la récession que le monde vit. Bien avant que quelqu'un ait pu douter de la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole. Cette gestion exemplaire des deniers publics est, à n'en pas douter et paradoxalement, celle qui, à l'évidence, cause le plus de problèmes. Tout simplement en ce qu'elle a éliminé toutes les mains qui tripatouillaient dans la caisse. Oui, le Président a longuement réfléchi, car a-t-il dit «la tâche est complexe et très lourde». Au bout de sa réflexion, Bouteflika a pris la décision que l'on sait. Une décision empreinte de courage et d'engagement sans faille au service de l'Algérie. Une Algérie à la libération de laquelle il a participé, il est par conséquent normal qu'il «donne de sa personne» pour la reconstruire. Il voudrait transmettre, à tous les jeunes Algériens, l'amour désintéressé de leur pays. D'ailleurs, c'est par cet appel qu'il a clôturé son discours à la Coupole. C'est aussi, pour cet amour qu'il compte transmet-tre, quand il a rappelé «l'obligation faite à l'Etat de poursuivre l'écriture de l'histoire et de l'enseigner à tous les paliers de l'éducation nationale». Nos jeunes comprendront mieux ainsi les enjeux, les défis ainsi que les périls qui les guettent. Depuis jeudi dernier, c'est la fin du suspense mais c'est surtout la satisfaction générale des Algériens qui voient la vie reprendre son cours normal. Sans le choc de l'inconnu qu'ils appréhendaient.