L'opérateur historique demeurera la propriété de l'Etat. Il compte même se développer avec ses propres moyens. La privatisation d'Algérie Télécom semble s'éloigner au fil du temps. Avec ses 50 milliards de créances impayées et les nombreux projets d'investissement qu'il veut lancer, le groupe public compte se développer avec ses propres moyens. L'ouverture de son capital au privé, maintes fois reportée, est complètement écartée. «Pas de privatisation ni ouverture du capital et encore moins de filialisation.» Par cette déclaration faite hier, sur les ondes de la Radio nationale, Moussa Benhamadi, président-directeur général de l'opérateur historique de téléphonie en Algérie, vient de couper l'herbe sous les pieds des 40 entreprises étrangères, dont France Télécom, intéressées par une prise de participation au capital d'Algérie Télécom, comme il est relésé par la banque espagnole Santander. La question lancinante d'ouvrir ou pas le capital d'Algérie Télécom aux opérateurs étrangers, semble connaître son épilogue après plusieurs années de divergences au sein du gouvernement. Moussa Benhamadi, hôte de l'émission «L'invité de la rédaction», n'est pas allé par trente- six chemins pour dire: «Bien au contraire nous avons récupéré la filiale Jaweb qui s'occupait des services Internet d'une manière générale et du service d'information. Cette filiale est entièrement intégrée à la maison-mère pour lui donner plus d'efficacité d'intervention et surtout trouver une certaine complémentarité entre les divisions d'AT.» Confiant, il affirme, sans tergiverser, les intentions du groupe qu'il dirige. «Cette ouverture du capital ne se justifie plus maintenant. Nous avons les moyens pour nous développer seuls», souligne le premier responsable d'Algérie Télécom. Et d'expliquer celle-ci pourrait investir dans l'international mais après avoir consolidé sa position sur le marché national. Algérie Télécom compte également s'engager à l'international dans le cadre de rachat ou de participation au capital social d'opérateurs de télécommunications en Afrique et ailleurs. «Mais avant d'aller à l'international, nous devons consolider nos acquis au niveau national», a précisé le P-DG d'AT. Interrogé sur les sources de financement des projets que l'entreprise a engagés, notamment l'opération d'installation de la fibre optique qui coûtera 10 milliards de dinars, Benhamadi précise: «Nous devons compter sur nos moyens et trouver de nouveaux marchés, offrir plus de produits et services et travailler sur la réduction des dépenses inutiles. Ce qui va nous permettre d'améliorer nos performances en matière de chiffre d'affaires.» L'opérateur de téléphonie mobile compte sur l'apport du gouvernement qui s'est engagé, dans le cadre d'un contrat de performance, à financer une partie de ce programme qui va jusqu'en 2013. La polémique autour de cette question de privatisation et d'ouverture du capital d'Algérie Télécom ne date pas d'aujourd'hui. Chaque ministre a sa propre vision. Les lectures diffèrent. «La privatisation d'Algérie Télécom n'est pas pour maintenant», avait affirmé à Paris Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. «L'ouverture du capital d'Algérie Télécom sera relancée dans l'immédiat, conformément aux lois en vigueur», avait souligné l'ex-ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Boudjemaâ Haïchour. Cependant, il semble que ni l'une ni l'autre des déclarations ne seront concrétisées d'autant que Algérie Télécom a réalisé un chiffre d'affaires d'un peu plus de 60 milliards de dinars pour l'exercice 2008.