Entre le «scrutin superficiel» de Djaballah et l'«engouement populaire» de Belkhadem, la polémique enfle. L'un dit que les jeux sont faits, l'autre rétorque que le jeu n'est pas fermé. L'un soutient que le scrutin est dépourvu de candidats potentiels, l'autre affirme que rien n'interdit aux candidats, qui remplissent les conditions fixées par la Constitution, de prétendre à la magistrature suprême. Deux hommes, Belkhadem et Djaballah, livrent des lectures diamétralement opposées sur la prochaine présidentielle. Si l'on considère les positions des deux acteurs politiques, bien que les affinités de l'un et l'affiliation de l'autre au courant islamiste soient un secret de polichinelle, il est clair que leurs motivations diffèrent et leurs objectifs divergent selon leur positionnement sur la scène politique. Premier élément de divergence, la candidature du citoyen Abdelaziz Bouteflika. Dans un entretien accordé au Quotidien d'Oran, Abdallah Djaballah a estimé que la présence du chef de l'Etat au prochain scrutin constitue l'un des éléments dissuasifs d'une candidature à même de contrebalancer les résultats qui, selon lui, sont tranchés. Remis en cause, Belkhadem, pour sa part, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour battre en brèche la thèse de «la non-transparence du scrutin» prônée par Djaballah. Sans ambages, le secrétaire général du FLN a affirmé dans les colonnes de L'Expression: «Peut-être les gens disent que les jeux sont faits parce que le candidat ayant été président de la République et ayant prouvé par des résultats probants qu'il honore ses engagements en matière de Réconciliation nationale, en matière de développement et de restauration de l'image de l'Algérie sur le plan international, considèrent qu'il a plus de chance d'être élu - pour nous, réélu -, c'est pour cela qu'ils disent que les jeux sont faits. Il ne faut pas faire une lecture négative de cette appréciation.» Second point de divergence, la qualité des candidats. Tel que décrypté par Djaballah, participer à la présidentielle, dans l'état actuel des choses, répond à l'impératif de se placer sur la scène politique. Autrement dit, le rôle assigné aux candidats est de «cautionner des résultats préparés à l'avance». Chiffres à l'appui, Belkhadem, de son côté, a tenu à mettre en exergue l'engouement des citoyens pour la candidature de Bouteflika. Selon lui: «Nous sommes à 280.000 signatures de citoyens et de milliers de signatures des élus. Nous avons organisé notre travail pour qu'il se fasse à travers tout le pays.» A ce sujet, la lecture faite par Belkhadem jette la lumière sur la fonction des partis de l'Alliance présidentielle qui consiste à assurer la jonction entre l'électeur et le président-candidat. Confirmation, selon Belkhadem, président de l'Alliance présidentielle, que l'objectif est de faire élire le candidat Bouteflika. Autre point de discorde, le bilan du président. Positif! a clamé Belkhadem qui n'a pas manqué de lier les taux de participation enregistrés lors des présidentielles précédentes (plus de 50%) aux réalisations enregistrées durant l'ère Bouteflika. Démenti formel de Djaballah qui est loin d'être de cet avis. Un courant commun et deux chapelles politiques différentes. Entre la chéchia de Djaballah et la barbe de Belkhadem, s'étend un échiquier sur lequel Belkhadem semble évoluer comme sur du velours.