L'orateur a menacé de sortir dans la rue jusqu'à ce que la magistrature suprême soit restituée à qui de droit. «La fraude anticipée» du président-candidat, «la complicité» de certains agents de l'ordre ainsi que «l'intox» d'une certaine presse parasitaire ont été les «craintes» du candidat islamiste - exprimées hier lors d'un point de presse au siège de son parti - qui risquent «d'entacher la régularité» du vote du 8 avril. Si Djaballah a jugé le bilan de sa campagne «positif» où «aucun meeting n'a été annulé ou reporté», il n'a pas fait le même constat s'agissant des conditions dans lesquelles se déroulera la présidentielle. «Nous avons eu des informations de la part d'un cercle très proche du président-candidat que celui-ci se prépare, avec la complicité de son ministre de l'Intérieur, à annoncer les résultats du scrutin avant même la signature de tous les PV», a-t-il accusé. D'un air consterné, il s'est efforcé à mettre à nu les «manigances du cercle présidentiel qui ne veut nullement qu'il y ait un deuxième tour». Selon le conférencier, ces «manoeuvres» sont motivées par le fait que «si le président-candidat se trouvait au second tour face à l'un des candidats potentiels, il ne serait point capable de gagner la bataille». «Car, a-t-il justifié, il a épuisé toutes ses cartes et aucun soutien ne serait possible pour appuyer sa candidature.» Cependant, le candidat du MRN s'est dit «résolu» à protéger, contre vents et marées, la volonté du peuple d'une entreprise frauduleuse certaine. Les moyens à utiliser sont légion. Djaballah a parlé, en premier lieu, du communiqué rendu public, hier, signé par trois postulants, lui, Sadi et Benflis. Il était question d'un appel sans ambages à l'institution militaire «d'intervenir» afin de «stopper net la folie du président-candidat dans sa quête d'un second mandat». En outre, l'orateur a menacé - si ces anomalies ne connaissent pas de répit - de sortir dans la rue jusqu'à ce que la magistrature suprême soit restituée à qui de droit. «Le peuple n'est pas un troupeau. Il est le plus mûr dans tout le monde arabe à défendre ses droits ainsi que sa souveraineté, eu égard au lourd tribut qu'il a payé pendant treize années», a-t-il soutenu. A cet effet, il a même invité la presse à «jouer son rôle dignement comme le stipulent l'éthique et la déontologie du métier». Par conséquent, ce sont les acquis démocratiques engrangés après tant de sacrifices qui «sortiront indemnes d'une spoliation rampante». D'ailleurs, certains titres sont d'ores et déjà dans le collimateur de Djaballah, lequel a juré trois fois «d'assainir le paysage médiatique si jamais Dieu me procure la victoire». C'est alors qu'une polémique s'engagea entre les journalistes des organes visés en défendant le droit de «défendre une opinion» face à Djaballah, les accusant d'être à la solde du président-candidat en monnayant leurs plumes contre de misérables dinars temporels. Pour mieux convaincre, il a cité les impressions laudatives de certains journalistes diffusées par l'Unique, avant-hier, dans une émission Images et Opinions se voulant un sondage crédible donnant «le président-candidat vainqueur dès le premier tour». Pour Djaballah, des élections crédibles, «même à 80% seulement», signifieraient «un second tour où je serais l'adversaire du président-candidat». Il devrait même le détrôner avec «l'appui de Sadi et de Benflis». Enfin, le conférencier s'est plaint de «l'exclusion» qui l'a contraint à surveiller uniquement 27.000 bureaux de vote au lieu de 40.000. Ce pessimisme est perceptible sur les mines de tous les militants d'El Islah. Abdelghafour Saâdi, directeur de campagne du numéro un d'El Islah, nous l'a carrément avoué : «Je suis pessimiste. Rien n'indique que l'élection va se passer dans la transparence.» En somme, l'équipe d'El Islah donnait l'impression de ne pas attendre grand-chose du rendez-vous de jeudi.