Le taux qu'avancent les organismes spécialisés en statistiques est en décalage avec les chiffres qu'annoncent les officiels. Le taux de chômage en Algérie enfle et la population, notamment les jeunes, en souffre encore. Au début de l'année 2008, l'Office national des statistiques (ONS) a estimé, au terme d'une enquête, à 13,8%, soit 1.374.000 personnes, la population active en chômage ou population active à la recherche d'un emploi, la population active étant de 9.956.500 personnes. Ainsi, ce taux permet d'observer une légère remontée du taux de chômage par rapport à 2006 où il était de l'ordre de 12,3%. Pour le détail, nous apprenons que 61% (838.140 personnes) des chômeurs résident en milieu urbain tandis que 39,0% (535.860 personnes) sont issus et habitent toujours les zones rurales. La catégorie des jeunes, essence de chaque nation, est, selon l'ONS, la plus touchée par rapport aux autres couches de la société. Il s'agit principalement d'un chômage d'insertion dans la mesure où 72% (989.280 personnes) de l'ensemble des chômeurs ont moins de 30 ans. Donnée aggravante, quelque 85,6% (1.176.144) ont moins de 35 ans. C'est dire combien la frange juvénile de la société souffre du manque de travail et de perspectives. Ce qui explique, selon des spécialistes, en grande partie tous les phénomènes et fléaux, jusque-là inconnus, qui touchent notre société. A commencer par celui des harragas et des délinquants de tous bords qui écument les villes algériennes. A préciser que les femmes représentent 22,0% (302.280) de l'ensemble de la population active en chômage. Ce taux avancé par l'ONS est appelé à prendre une courbe ascendante pour les années à venir. C'est l'ancien chef de gouvernement, M.Benbitour qui a prévu que jusqu'en 2030, l'Algérie connaîtra un fort taux de chômage. Ce taux, il faut bien le dire, est en décalage total avec les chiffres officiels. Le gouvernement a affirmé, le 28 janvier dernier, par la voix du ministre de la Solidarité nationale et de la Communauté algérienne à l'étranger, M.Djamal Ould Abbès, que le taux de chômage a baissé ces dernières années pour être ramené à 8% de la population active pour le début de l'année en cours. Cela étant, une question mérite d'être posée. Qui confirmera que ces statistiques sont fiables quand un ministre de la République reconnaît que l'élaboration des statistiques concernant le taux de chômage ne répond pas aux normes universelles en la matière? Par ailleurs, toujours selon l'ONS, le secteur du bâtiment et des travaux publics engrange 17,7% (243.198 personnes) de la population active. Mais qu'en sera-t-il avec la fin des chantiers comme le million de logements et l'autoroute Est-Ouest qui font travailler des milliers de personnes? Quelle politique faut-il prôner pour assurer à la population active des postes d'emploi stables et surtout durables? Le risque d'une explosion et d'une flambée des taux de chômage avec la fin de ces grands chantiers et autres, qui tirent à leur fin, n'est pas à écarter. Des milliers d'employés se trouveront ainsi au chômage forcé. Déjà qu'ils occupent des emplois «précaires», et parfois avec des salaires de «misère», ces employés appréhendent, d'ores et déjà, la fin de ces chantiers qui les livrera au chômage «technique».