Si le projet de loi est adopté par l'Assemblée nationale, les Algériens seront indemnisés au même titre que les victimes de Polynésie. Même à pas de tortue, la France fait un autre pas sur le dossier des essais nucléaires en Algérie. Le gouvernement français prévoit, dans un avant-projet de loi, d'indemniser toutes les victimes des essais nucléaires français, y compris en Algérie. L'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, affirme que les Algériens ne seront pas exclus du projet élaboré dans ce sens, par le ministre français de la Défense. «Le projet ne prévoit aucune discrimination», a répondu l'ambassadeur à L'Expression, en marge d'une conférence qu'il a animée, mercredi soir à l'Institut supérieur algérien des affaires, intitulée «La réforme de l'Etat en France». Lors de l'annonce du projet de loi, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a déclaré sans détour: «Nous devons reconnaître les victimes des essais nucléaires à Tahiti, en Polynésie et les populations des îles et des atolls voisins.» Il n'a en aucun cas cité l'Algérie. Toutefois, M.Driencourt tire les choses au clair. «Cela veut dire quoi, quand je dis que le projet ne prévoit aucune discrimination? C'est clair.» C'est-à-dire que le projet inclut les Algériens. Et d'apporter quelques autres précisions sur les dernières réformes apportées au niveau du Parlement français. «Dans la réforme constitutionnelle qui est intervenue l'année dernière, maintenant, le Parlement a un rôle beaucoup plus grand en matière de législation et de vote de la loi. Un projet de loi tel qu'il est déposé par le gouvernement, ce n'est pas forcément le texte qui sortira. Parce que le Parlement a beaucoup plus de pouvoir en matière d'initiatives.» Et d'insister encore: «...Mais dans le projet, il n'y a pas de discrimination.» A cette déclaration s'ajoute celle du porte-parole du ministre français des Affaires étrangères, Eric Chevalier, qui avait déjà affirmé que «les Algériens ne seraient pas exclus du projet». Interpellé par la presse à propos de l'Union pour la Méditerranée, l'ambassadeur dément: «L'UPM n'est pas dans l'impasse.» Et de la qualifier encore de «bon projet et d'un projet ambitieux qui est destiné, encore une fois, à générer des projets concrets. C'est la différence avec l'ancien processus de Barcelone qui était beaucoup plus une chose politique. L'UPM porte des choses concrètes, structurant avec deux présidences des deux rives». Ce processus est jugé être «en panne» suite à l'agression israélienne contre la bande de Ghaza. Une lecture que le diplomate reconnaît à demi-mot. L'UPM «est un projet qui vit et qui doit tenir compte de la réalité de l'environnement. Aujourd'hui, ça peut être les difficultés de ce qui se passe dans les territoires palestiniens, demain il pourrait y avoir d'autres difficultés...», a-t-il avoué. Et de suggérer: «Il faut regarder au-delà des difficultés géographiques et politiques.» C'est la même analyse qui a été développée et défendue par les députés européens ce week-end à Bruxelles. Ces derniers ont estimé que l'UPM produit des «résultats concrets et visibles» et sera une avancée vers l'intégration économique et territoriale ainsi que vers la coopération climatique entre les pays méditerranéens. Il souhaite, par la même occasion, que le secrétariat soit opérationnel dans les meilleurs délais, «afin de démontrer qu'il est possible de surmonter les tensions actuelles en promouvant de véritables projets concrets de coopération». Sur le dossier des visas, le représentant du Quai d'Orsay infirme le fait que le nombre de visas attribués en Algérie soit en diminution. «Il n'y a pas de diminution, mais c'est plutôt une augmentation. Il y a plus de visas qu' il y a trois ans», a-t-il conclu.