Il y a lieu de s'interroger si l'annulation, à la dernière minute, du Sommet des chefs d'Etat à Bamako n'est pas liée au développement de la situation sécuritaire dans cette région. Après le son, c'est l'image. A quelques heures de la diffusion de l'enregistrement sonore, la branche maghrébine d'Al Qaîda vient de publier les photos des otages occidentaux. Les photos circulent depuis jeudi matin sur Internet via IntelCenter, société américaine spécialisée dans l'analyse de sites islamiques. Sur l'une des photos, les kidnappeurs montrent le couple suisse qui paraît se trouver dans un état de fatigue extrême. L'image montre la femme, une Zurichoise de 54 ans, qui officie au niveau communal, ancienne hôtesse de l'air, avec un visage identifiable, tête couverte par un long chèche de couleur noire sur un habit de couleur bleue, qui ressemble à une robe. A sa droite, sur le sable, se trouve assis son mari, avocat et également membre du PS. Yeux fermés, cheveux hirsutes et le visage portant une barbe blanche dont les poils commencent à peine de pousser, l'homme donne l'impression d'être déstabilisé et trop fatigué. Dans le fond de l'image, on aperçoit les corps d'un groupe d'hommes armés debout derrière les otages. Etant conscient de la délicatesse de l'affaire, le département fédéral des affaires étrangères (Dfae) préfère opter pour la prudence dans ses déclarations. Après avoir confirmé l'identité des otages suite à la publication des photos, le Dfae annonce: «La publication de telles informations est extrêmement pénible pour les proches. Nos pensées sont avec eux en ces moments difficiles et nous faisons tout notre possible pour les soutenir. Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement malien afin d'obtenir une libération rapide et sûre des otages. Nous demandons aux ravisseurs de les libérer immédiatement et sans conditions», a rapporté la presse suisse. A rappeler que cette organisation terroriste avait diffusé mercredi dernier sur la chaîne Al Jazeera un enregistrement sonore revendiquant l'enlèvement des quatre touristes européens ainsi que deux diplomates canadiens. La sortie médiatique des terroristes intervient dans une conjoncture politique particulière. En effet, c'est au moment où les chefs d'Etat des pays du Sahel s'apprêtaient à organiser un sommet à Bamako, au Mali, pour discuter de la sécurisation de cette région. Il y a lieu justement de s'interroger si l'annulation, à la dernière minute, de ce sommet n'est pas liée à ces événements. A Bamako, on évoque plutôt des raisons techniques. Autrement dit, ce report a été expliqué par l'agenda chargé des dirigeants du Mali, Burkina Faso, Niger, Algérie, Libye et Tchad. Reporté à plusieurs reprises depuis plusieurs mois, le sommet devait également se pencher sur le développement de cette vaste région désertique qui fait face à de graves problèmes de sécurité.