1200 agents de collecte et près de 300 engins sont déployés pour une population qui avoisine 1,5 million d'habitants et le constat reste le même. La détérioration des bâtisses oranaises a gagné du terrain si bien que le look d'Oran a été complètement dénaturé. El Bahia des temps modernes n'est plus celle des anciennes cartes postales, tant vantée. La ville d'antan a disparu tandis que celle des temps modernes n'arrive pas à voir le jour. Les responsables locaux s'apprêtent à célébrer, comme à chaque année, la Journée nationale de la ville. En un court laps de temps, la grande Cité a changé de look. A coup d'opérations de maquillage l'on a donné une nouvelle virginité à El Bahia. En une journée l'on espère gommer cette image désolante qui se perpétue 365 jours de l'année. Et puis plus rien. L'APC d'Oran met le paquet. Il faut embellir la ville pour pouvoir l'inscrire au concours national de la ville la plus propre. Ses services communaux sont à pied d'oeuvre ces derniers jours. Les secteurs urbains se mettent, pleinement, de la partie. Plusieurs projets sont retenus et reviennent comme un leitmotiv, le traitement de l'environnement et des espaces verts, réfection de la voirie, embellissement des terre-pleins, réfection des trottoirs, entretien de l'éclairage public etc. La municipalité d'Oran compte sur la participation des citoyens et des commerçants. Les immeubles ressemblent à des cages à fauves. Le barreaudage des portes et fenêtres donne l'image d'une ville en proie à l'insécurité. La chaussée se dégrade davantage. La cité ne reprend ses droits que lors des visites officielles ou de la tenue de sommets importants, comme la dernière visite du président de la République qui a coïncidé avec la tenue du Sommet de l'Opep. Derrière ce Front de mer qui fait la fierté des Oranais, se cache une réalité amère, de gigantesques décharges obstruent les entrées principales des immeubles. Dans chaque rue, une décharge sauvage heurte le passant. En dépit des efforts fournis, la commune semble dépassée. Quelque 1200 agents de collecte et près de 300 engins sont déployés pour une population qui avoisine 1,5 million d'habitants. Près de 4 rotations sont assurées, et le constat est toujours le même. «La gestion de la ville est l'affaire de tout le monde», rétorque Chaïbi Youcef, attaché de presse au niveau de la cellule de communication de la commune d'Oran. Sur un autre plan, El Bahia abrite un autre front, celui de la misère. La ville cède sous l'implacable oeuvre du temps et du laisser-aller. Les quartiers de Sidi El Houari, Saint-Pierre, Boulanger, Gambetta et El Hamri donnent l'image d'un désastre, les effondrements font ravage alors que la chaussée est de bout en bout, crevassée. «Il y a autant de crevasses que de bitume» déplore-t-on. «Et lorsqu'on s'essaie à arranger la fissure on procède au rafistolage alors que plusieurs centaines de millions de dinars sont alloués par l'Etat», s'insurge-t-on. Il a fallu plusieurs années et d'incessantes réclamations pour qu'enfin une enveloppe de 4 milliards de centimes soit allouée à la réfection des routes du Vieil Oran, Sidi El Houari. Un même projet vient d'être retenu pour le cas de Saint-Pierre où des routes sont totalement dégradées et les trottoirs défoncés. Le peu qui reste est envahi par des commerçants peu soucieux de la notion de ville. Dans une ville appelée, paradoxalement, El Bahia, le plan lumière est renvoyé aux calendes grecques. Au moins trois mille lampadaires, soit un taux de 10% des points lumineux, sont défectueux.