Depuis le début de cette affaire, la presse algérienne a crié au scandale et a décelé un arrière-goût de chantage. Dénouement inattendu de l'affaire du diplomate, Mohamed Ziane Hasseni soupçonné par la justice française d'avoir commandité l'assassinat de Ali Mecili en 1987 à Paris. Le diplomate est enfin libre. La cour d'appel de Paris s'est prononcée favorablement hier, en faveur de la demande de la défense portant levée du contrôle judiciaire, auquel était soumis depuis août dernier, le diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni. Il a obtenu le droit de quitter la France après la levée partielle de son contrôle judiciaire. Dorénavant, M.Hasseni répondra simplement aux convocations du juge d'instruction et il n'est pas obligé de se rendre en Allemagne où réside un témoin à charge, selon Me Khaled Lasbeur, l'un de ses avocats. Me Antoine Comte, avocat de la veuve d'Ali Mecili, estime qu'«en autorisant M.Hasseni à quitter le territoire français, la justice française prend le risque d'enterrer le dossier». Pour la défense du diplomate, «c'est un très grand pas qui a été franchi par le juge de la chambre d'instruction qui a répondu favorablement à notre demande de levée du contrôle judiciaire dont a fait l'objet notre client», a déclaré Me Khaled Lasbeur estimant qu'avec cette décision «le dossier est en train d'évoluer positivement car de nombreuses zones d'ombre ont été dissipées après la présentation de toutes les preuves d'innocence de notre client». Mais que s'est-il passé entre Alger et Paris pour parvenir enfin au règlement de ce dossier qui a jailli du néant à un moment où l'Algérie s'obstinait à revendiquer un pardon de la France officielle sur les crimes commis en Algérie, par la France coloniale? La certitude avec laquelle Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a annoncé la fin de cette «cabale» contre le diplomate algérien, renseigne qu'il y a bien eu des contacts à un très haut niveau entre les deux capitales. Cela même si les officiels français ont toujours avancé l'argument de l'indépendance de la justice pour se dessaisir de cette affaire. M.Medelci a affirmé, mardi dernier, à Oran que «l'affaire du diplomate Hasseni sera réglée d'ici quelques jours». Le ministre a précisé que «le tribunal s'est réuni récemment et a décidé de rendre son jugement en tenant compte des données matérielles disponibles». Encore une indication de taille: le ministre a précisé qu'il y a eu d'«intenses contacts diplomatiques» entre les deux pays pour une résolution «juste et définitive» de cette affaire. Visé par un mandat d'arrêt international émis en décembre 2007 par la France, M.Hasseni a été interpellé le 14 août 2008 à l'aéroport de Marseille. Il a été inculpé le lendemain de «complicité d'assassinat» et placé sous contrôle judiciaire. Une procédure judiciaire qui interdisait à M.Hasseni, qui clame son innocence et affirme être victime d'une homonymie, de quitter le territoire français et lui imposait de se présenter une fois par semaine dans un commissariat. Depuis le début de cette affaire, la presse algérienne a crié au scandale, notant le jeu obscur et ambigu du ministère français des Affaires étrangères qui a laissé faire sans intervenir auprès de la justice de son pays, pour lui rappeler les engagements de la France au plan international. Les journaux El Watan, Liberté et L'Expression, qui ont mené une véritable campagne médiatique, ont décelé, dans cette affaire devenue malsaine, un arrière-goût de chantage. Surtout que le Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères) est resté étrangement silencieux dans une affaire qui engage un diplomate étranger, dans tous les cas couvert par l'immunité diplomatique. C'est dans ce sens que le quotidien L'Expression a relevé le traitement sélectif des affaires internationales par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Le journal a cité l'exemple de Rose Kabuye, arrêtée en novembre 2008 en Allemagne, en exécution d'un mandat international délivré par la justice française, pour «complicité» dans le dossier consacré au génocide au Rwanda en 1994. Dans cette affaire, figurent huit dirigeants du FPR (Front patriotique rwandais) dont l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, un «ami» de Bernard Kouchner. L'affaire a été réglée avec une grande célérité et sans grand bruit. Ce qui n'a pas été le cas de l'affaire Hasseni. Vaut mieux tard que jamais!