Le support de ses tableaux est fait de peinture bio, extraite de plantes ramenées de son village, Timassine, à 14 km de Touggourt. Faïza Tidjnai-Chaoui est une ancienne styliste-modéliste. Une touche-à-tout. Une artiste qui s'ignore. Elle expose, depuis jeudi dernier, une vingtaine de tableaux à la galerie-librairie Noun d'Alger sous le générique «Tempo africain». Cette jeune maman au sourire doux et envoûtant, laisse parler son être et ses ancêtres dans ses oeuvres, à mi-chemin entre rêve et réalité. Que ce soit en tableaux, en poupées ou en panneaux, le digne fruit de l'alliance entre une Constantinoise et un Touggourti, nous offre une présence étrange et fascinante: mains, damiers, faune et filigranes, sous des regards disséminés dans des endroits improbables. En plus de leur effet révélateur du talent de cette artiste qui sent bon la Tidjania de Macine, ses premières oeuvres, entièrement en noir et blanc ont pour effet de mettre à jour l'explosion de couleurs qui caractérise «Rétrospective», sa dernière exposition offerte au public par l'espace Noun en 2008 et qui a connu un franc succès, tant auprès de l'esthète que du profane, preuve que cette artiste a su attirer le regard par la naïveté de sa peinture, l'innocence de son geste et la richesse de son univers. Faïza Chaoui exulte et nous fait part de son amour pour la femme africaine, majestueuse, maîtresse des lieux, dans sa nouvelle exposition où pour un moment elle fera suspendre le temps et faire prendre conscience au visiteur de son appartenance africaine. Le support de ses tableaux est entièrement couvert de peinture végétale ramenée de sa région, Timassine, à 14 km de Tougourt et fabriquée par ses soins. «Le support est fait avec une peinture bio, à base de toutes sortes de feuilles, d'herbe pour donner des tons naturels aux tableaux. Un effet de sable. Le reste c'est de l'aquarelle», confie-t-elle. Cette styliste modéliste se revendique africaine et algérienne. Nonobstant les couleurs chatoyantes et chaudes qui caractérisent ses tableaux, l'instrument musical, propre au malouf constantinois est évoqué ici. Oiseaux de paradis et blé sont également discernables. La femme explose de joie dans la peinture de Faïza Chaoui. Elle danse peut-être ou cri son malheur? Elle a les mains en l'air, partagent l'espace aussi avec d'autres femmes, solidaires de leur vécu, fortes et pas vaincues pour un sou. Autodidacte, cela fait une quinzaine d'années que la peintre qui ne se définit pas pour autant artiste, laisse le choix au public de faire cette appréciation. Elle peint et c'est tout, par «plaisir» et par amour du «partage». Quand on lui demande pourquoi femme africaine, elle répond, tout de go, avec le sourire: «l'Afrique c'est nous! Que ce soit chaoui ou kabyle, ces couleurs existent aussi dans nos cultures». Sans le savoir, Faïza Chaoui, nous donnera un bel exemple de notre identité, à quelques mois de la tenue de la seconde édition du Festival culturel panafricain dont l'Algérie sera l'hôte du 5 au 20 juillet prochain. Cette artiste généreuse nous a réconciliés avec cette partie de nous-mêmes dont il est temps de s'en apercevoir et d'en faire bonne figure. L'exposition «Tempo africain» est ouverte jusqu'au 18 mars. A découvrir.