Il faut comprendre que dans cette histoire, les deux camps, dirigeants de clubs et arbitres, sont fautifs. Le corps des arbitres a de nouveau été pointé du doigt ce week-end lors de la 19e journée du championnat d'Algérie (Div I) de football, accusé de fausser le résultat des rencontres, à un moment où le nouveau bureau fédéral s'est dit déterminé à sévir pour assainir la situation et redonner ses lettres de noblesse à l'arbitrage algérien. Au moins trois arbitres ont provoqué le courroux de dirigeants ou entraîneurs de club qui contestent leur arbitrage, responsable à leurs yeux du sort du match: il s'agit notamment des rencontres USM Alger - CR Bélouizdad (2-1), AS Khroub - JS Kabylie (1-1) et ASO Chlef - USM Harrach (0-0). «C'est un arbitrage scandaleux. L'arbitre nous a privés d'un penalty flagrant que tout le monde a vu sauf lui (..) il nous a expulsé injustement Boukedjane (ndlr, défenseur) en première période», a déclaré à la presse le président du CRB, Kerbadj à la fin du match face à l'USMA. «Nous allons demander aux responsables de la Fédération et de la Commission d'arbitrage de visionner la cassette du match afin de constater de visu les graves dérives de l'arbitre», a-t-il ajouté. Même scénario avec le match ASK-JSK où l'arbitre a subi les foudres des dirigeants de l'équipe visiteuse. «L'arbitre a lésé notre équipe en nous refusant un but (inscrit par l'attaquant Adlène Bensaïd)», a regretté le président de la JSK, Mohand Chérif Hannachi. «Dans de telles conditions, comment voulez-vous gagner un match qui était à notre portée», a-t-il ajouté, estimant que l'arbitre a accordé à l'ASK à la 90', un but (celui de l'égalisation) «entaché d'une faute grave de l'attaquant khroubi». Des critiques acerbes ont également visé les arbitres d'autres rencontres de la 19e journée. A l'issue du match ASO-USMH, le premier responsable de l'équipe de Chlef, Abdelkrim Medouar, n'a pas hésité à imputer à l'arbitre le faux pas de son équipe qui «a été privée d'un penalty flagrant». Le MC Alger, en déplacement à El Eulma, a, lui aussi, pointé du doigt l'arbitre qui, selon les Mouloudéens, «a considérablement avantagé les locaux». «L'erreur est humaine, et les arbitres peuvent faire des fautes», a déclaré, pour sa part, le président de la ligue nationale de football (LNF), M.Mohamed Mecherara. «Cela peut arriver à tout le monde. Maintenant, il y a une commission d'arbitrage qui visionne les matchs et les fautes graves seront sanctionnées», a encore précisé M.Mecherara. Pour le cas du match USMA-CRB, M.Mecherara a estimé que «la faute a été commise par le plus intègre des arbitres algériens, M.Bichari. Son arbitre assistant n'a pas suivi l'action. Il est vrai qu'il y avait faute, mais que voulez-vous, l'erreur est humaine». «Les fautes signalées ici et là dans certains stades, ce week-end, ne sont pas un événement pour nous, et la commission d'arbitrage est là pour vérifier tout cela. C'est son travail», a ajouté le président de la LNF. Par ailleurs, cette levée de boucliers de certains présidents de club contre les arbitres, coïncide avec les nouvelles mesures décidées par la nouvelle équipe fédérale, dirigée par M.Mohamed Raouraoua, pour rehausser le niveau de l'arbitrage algérien et corriger durablement les «dérives» des chevaliers du sifflet. «Les membres de la CCA qui sont tous des anciens arbitres internationaux vont sortir sur les terrains pour faire des évaluations en toute objectivité. Si les évaluations que nous recevons relèvent des insuffisances, nous prenons nos responsabilités, nul n'est à l'abri», a averti le président de la Commission centrale d'arbitrage (CCA), M.Bélaïd Lacarne au cours d'une récente réunion d'évaluation. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, avait, quant à lui, tracé les lignes rouges à ne pas dépasser, estimant que les arbitres ont une responsabilité majeure sur le terrain et qu'ils «sont là pour rendre justice». «Il n'est pas question que vous soyez responsables de déviations qui pourraient se produire lors d'un match de football», avait-il déclaré à l'ouverture de la journée d'étude organisée par la Commission centrale d'arbitrage (CCA), la semaine dernière à Alger. Néanmoins, et en dépit de la situation difficile dans laquelle se trouve l'arbitrage algérien, Lacarne reste confiant pour l'avenir. «Il ne faut pas dramatiser l'arbitrage, je suis confiant qu'on va le remettre sur les rails. Il va être sur les rails. Nous avons mangé notre pain noir, nous allons maintenant manger du pain blanc», avait-il affirmé. Fraîchement installé à la tête de la Commission centrale d'arbitrage, Lacarne a déjà entamé sa mission par l'organisation lundi dernier d'une journée d'étude avec les arbitres, en présence du président de la FAF, Mohamed Raouraoua.