Un groupe de jeunes s'en est pris avec une violence inouie aux bâtiments de cet ancien collège. Les habitants du chef-lieu de la commune de Boudjima ont vécu avant-hier vendredi, une nuit d'enfer. Pendant des heures, un groupe de jeunes s'en est pris avec une violence inégalable aux immeubles de l'ancien CEM. A l'aide de liquides inflammables et outils tranchants, ils ont incendié et saccagé cette ancienne école qui allait servir de campement aux éléments de l'ANP dans quelques jours. Hier matin, les lieux étaient dans un état de dégradation total. Les portails qui donnaient sur le chemin de wilaya ont été enlevés et jetés au loin. Certains murs de ce vieil établissement ont été démolis. Une odeur de cendre parvenait jusqu'à un périmètre de cent mètres. L'incendie provoqué par les agresseurs n'a épargné ni les fenêtres, ni les portes des classes, ni ce qui restait des tables déjà détériorées. La bâtisse offrait une image de désolation. Les habitants rencontrés affirment avoir vécu une nuit d'angoisse. Les assaillants ont, pendant des heures, lancé des cris qui ont fait peur à toutes les familles riveraines. «C'était l'horreur», nous dira un père de famille qui habite à proximité. «Nous avons passé une nuit blanche, nous avions peur pour nos familles et nos enfants», enchaînait un autre jeune. Approché, le président de l'APC de Boudjima dira que ce volet sécuritaire ne relevait pas de ses prérogatives. Selon lui, la commune vit une situation d'insécurité et c'est aux autorités compétentes de faire leurs investigations pour démasquer les auteurs de ce sinistre. Toutefois, certains jeunes affirmeront qu'ils ne voulaient pas d'un campement militaire au milieu d'une agglomération. En effet, cette commune vit depuis des années une situation d'insécurité insoutenable. Depuis le départ des éléments de la gendarmerie suite aux événements du Printemps noir, en 2001, des vols, des rackets et des enlèvements se sont multipliés. Tout d'abord, les citoyens de Boudjima ont fait face à une multitude de vols de toute nature. Après les voitures enlevées à leurs propriétaires sur la route menant vers Tigzirt, les fellahs ont dû affronter les voleurs de cheptel. Sur ce chapitre, des dizaines de véhicules ont été subtilisés dans des faux barrages sur cette route au lieudit Ighil N'chréa. La multiplication de ces actes a engendré l'évitement de cet axe routier pendant des années, coupant ainsi cette commune de la région de Tigzirt. La peur ne s'en éloignera pas pour autant car de nombreux groupes de malfaiteurs allaient profiter de cette situation pour s'organiser. Les vols allaient se multiplier encore davantage. La majorité des fellahs de la commune ont été contraints de vendre leur cheptel et changer d'activité. Ils n'avaient pas les moyens pour faire face à des bandes organisées et armées. Des années ont passé et cette commune autrefois paisible connaîtra les enlèvements et les kidnappings. Des citoyens ont disparu pendant des mois pour être retrouvés morts. La peur s'est installée durablement parmi la population de cette commune. Il y a environ un mois, des pères de famille ont été agressés, pendant la nuit, au milieu de la cité. Ils ont été tabassés par des groupes de malfaiteurs qui semaient le trouble. Ces derniers temps, la cité est devenue le théâtre d'affrontements entre groupes rivaux. La drogue en est souvent la cause. Aujourd'hui, la majorité de la population se plaint de cette situation. Les citoyens attendent des pouvoirs publics qu'ils agissent pour faire revenir la quiétude d'autrefois.