MM. Feltman et Shapiro ont entamé hier un entretien avec le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem. Cette visite constitue le contact politique au plus haut niveau entre les deux pays depuis que Richard Armitage, qui était alors numéro deux du département d'Etat, s'était rendu à Damas en janvier 2005, selon le département d'Etat. Cette rencontre intervient aussi alors que la nouvelle administration américaine a affiché sa volonté de dialoguer avec les «bêtes noires» des Etats-Unis au Proche-Orient. M.Feltman, secrétaire d'Etat adjoint par intérim au Proche-Orient, et M. Shapiro, conseiller à la sécurité nationale chargé du Proche-Orient à la Maison Blanche, arrivaient en provenance de Beyrouth. «Les Etats-Unis et la Syrie ont des divergences d'opinion sur de nombreux sujets importants et c'est une occasion pour nous d'échanger des opinions sur des questions bilatérales et régionales», a expliqué récemment un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Les deux émissaires étaient vendredi à Beyrouth pour rassurer les dirigeants libanais du soutien continu de Washington malgré ce récent rapprochement avec la Syrie, l'ancienne puissance de tutelle au Liban. M.Feltman avait alors indiqué que son pays avait une «longue liste» de préoccupations que lui et son collègue allaient discuter avec les responsables syriens. «Nous n'avons aucun moyen de prédire l'avenir de nos relations avec la Syrie», avait noté mardi la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, lors d'une visite à Jérusalem. «Mais je pense que cela vaut le coup d'y aller et d'entamer ces conversations préliminaires», avait-elle dit. «Nous ne dialoguons pas pour le plaisir de discuter, il faut qu'il y ait un objectif et la perception d'un bénéfice possible, notamment pour les Etats-Unis et leurs alliés», avait-elle souligné. L'ambassadeur de Syrie à Washington, Imad Moustapha, a eu un long entretien la semaine dernière au département d'Etat avec M.Feltman. Les deux pays entretiennent des relations diplomatiques mais celles-ci sont tendues depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 et l'assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri en 2005, pour lequel le régime syrien a été pointé du doigt. Israël et la Syrie ont mené l'an dernier des négociations de paix indirectes par l'intermédiaire de la Turquie, l'Etat hébreu cherchant à éloigner Damas de son allié iranien, qu'Israël accuse de vouloir se doter de l'arme atomique. Toutefois, ces négociations n'ont abouti à aucun accord, alors que le prochain gouvernement de droite en Israël paraît encore moins disposé à un retrait total du plateau syrien du Golan, occupé depuis juin 1967 et dont Damas exige la restitution.