«La patrie exige une prise de conscience de la part de ses enfants qui doivent assumer des choix, parfois sans issue, pour grandir face à la réalité», a souligné l'artiste. Méconnu par le public, Mustapha est un artiste qui travaille dans l'ombre. Dans son milieu, il est connu pour sa culture musicale, chantant toujours avec la même conviction pour la mère patrie, laissant les fans bercés par ses inflexions. Mustapha, de son vrai nom Boussadia Mustapha, est originaire de Beni Ourtilene. Sa carrière artistique à proprement parler, a commencé à l'âge de six ans, accordéon à la main, à Alger, puisque sa famille s'y est installé depuis. Autodidacte, et en se frottant aux grands noms du milieu artistique, il a réussi à peaufiner ses différents talents grâce à ses capacités d'assimilation et à ses dons multiples en la matière. En 1982, Mustapha s'installe à Paris, une opportunité pour progresser et s'épanouir en contact avec d'autres cultures, ce qui lui a valu la participation à de multiples concerts à l'échelle nationale et internationale, aux cotés des artistes de renom à l'instar d'Idir, Djamel Allam, Madjid Soula et tant d'autres. Et pour sortir de l'anonymat, Mustapha nous réserve des surprises en perspective et une occasion, encore une fois, de renouer avec un patrimoine musical à la richesse et à la saveur irrésistibles. Il nous revient cette fois-ci avec un bouquet de titres, de beaux textes de notre intarissable patrimoine culturel. Aussi, avec un mode musical lié à une sorte de nostalgie et de tristesse, associé à un ensemble d'expressions plus complexes qui varient considérablement selon la couleur, l'ambiance ou l'état d'esprit, mais qui termine bien sûr, avec une certaine énergie, de la joie et de l'allégresse. Dans ce nouveau-né intitulé Shouf Shouf, il donne à lire une critique dense et ramassée de cette notion et de son usage. Le texte est complété par des illustrations propres à séduire un public plus large, abordant déjà partiellement le sujet, mais dans une présentation plus réconciliatrice et réunificatrice. Sa réflexion, principalement centrée sur une Algérie en tant que patrie, s'est progressivement étendue, par une capillarité des comparaisons à d'autres périodes, en d'autres lieux. L'artiste a eu bien du mal à nous les justifier. Après coup, il nous explique que l'idée de départ était de réaliser ce single et que celui-ci avait quelque peu gonflé en cours d'élaboration. Il n'en demeure pas moins que le produit est de qualité. Dans chacune de ses chansons, il y a beaucoup de travail et d'implications. Selon lui, il a énormément donné pour la réalisation de son nouveau- né, puisqu'au début de sa carrière il vérifiait chaque détail un par un. A présent, du fait de son âge et de l'expérience qui commence à le gagner, Mustapha délègue une partie de son temps, afin de se concentrer sur la création. L'album de Mustapha se veut détaché de toute tentative de définition, pour ne pas être limité à quelques lignes réductrices. Pourtant, son oeuvre est guidée par quelques idéaux personnels, souvent éprouvés par l'auteur. On retrouve des titres, aux mêmes buts et souvent soumis aux mêmes contraintes. Pareillement, la nature a eu une place de choix dans les oeuvres de l'artiste, en quête d'identité ou confrontées très tôt à la vie dans toute sa complexité. Il fait passer ses messages d'une manière plus naïve, et en même temps subtile. Cela permet aux auditeurs et à ses fans de réfléchir inconsciemment aux idées présentes dans chacun des thèmes proposés. En effet, la chanson a toujours su faire passer la critique ou la satire, et Mustapha ne fait que reprendre le vieil argument de la narration décalée pour toucher, déstabiliser et amener des questions dans les esprits curieux, les jeunes comme les moins jeunes. De plus, l'obéissance de l'esprit d'un citoyen amène un développement beaucoup plus conséquent, et une évolution dans ses attitudes et de la société en général. «La patrie exige une prise de conscience de la part de ses enfants qui doivent assumer des choix, parfois sans issue, pour grandir face à la réalité», a-t-il conclu.