Quand reconnaîtrons-nous que la femme est une personne douée de raison, et tout aussi capable qu'un homme? La date du 8 mars est restée depuis des années une date symbole de la lutte des femmes pour faire valoir leurs droits, mais aussi une occasion de se rappeler un parcours de peines, de sueur et de gloire! En Algérie, à la veille d'un demi-siècle d'indépendance, ce défi ne paraît pas et le résultat est loin des attentes escomptées. Ces femmes isolées ou réduites au silence dont le respect à l'autrui fuit chaque jour davantage notre société, où la médiocrité s'installe confortablement avec l'ignorance des uns et la complicité des autres. Aujourd'hui, la femme ne sait vraiment pas où donner de la tête, vu le fossé qui sépare la société patriarcale et les lois mi-figue, mi-raisin adoptées à son égard. En effet, c'est l'ingratitude totale. Car ces femmes ont toujours été partie prenante décisive dans les grands moments de notre histoire. Les femmes algériennes ont participé courageusement de mille et une manières à la lutte de libération, à la construction après l'indépendance et ainsi, durant les événements tragiques qu'a vécus notre pays. Elles ont payé et paient encore un très lourd tribut. Mais qu'en est-il de sa situation aujourd'hui, alors qu'elle a fait un parcours du combattant pour recouvrer ses droits? La condition de la femme semble extrêmement préoccupante. Dans notre ‘'société'' dite ´´civilisée´´ les femmes fonctionnaires sont destinées à des missions bien déterminées, en général, de figuration à tous les échelons, où elles doivent être bonne mère, bonne épouse, bonne au lit, bonne cuisinière...Elles ne cotisent nulle part et la société ne leur reconnaît absolument aucun droit, idem lorsqu'elles restent à la maison pour élever leurs enfants! Quand commencerons-nous à considérer la femme comme un être humain à part entière et l'égal de l'homme? Quand reconnaîtrons-nous que la femme est une personne douée de raison, et tout aussi capable qu'un homme? Les réponses à ces questions sont loin d'être à l'ordre du jour pour ces créatures auxquelles on met le voile pour ne pas attiser les convoitises...des hommes, celles qu'on excise, qu'on bat, qu'on empêche d'aller à l'école et au travail, et celles qu'on harcèle, qu'on lapide et qu'on viole...Simone de Beauvoir disait qu'«on ne naît pas féministe, mais on le devient», car notre société est faite par les hommes, et pour les hommes. A voir la réalité, - ce n'est pas cette journée qui montre la considération que l'on a pour nos mères, nos épouses, nos soeurs -, c'est plutôt un aveu d'échec. Où sont passés les sacrifices de nos aînées telles que la Kahina, Lalla Fatma N'soumeur, Malika Gaïd, Djamila Bouhired et les autres? A leur époque, elles ont tenu les beaux rôles que d'autres générations ont pris comme repères, aujourd'hui perdus pour des raisons que tout le monde connaît. La magie du militantisme pour la liberté et l'égalité leur vaut, aujourd'hui, un large nombre de militantes qui s'étend à toutes les couches sociales. Car la femme, en mal de considération, se morfond dans la morosité de ce vide juridique. Alors elle est convaincue, aujourd'hui, qu'elle n'a qu'un seul choix: «Ne pas s'apitoyer sur son sort, car le sort n'a rien à avoir avec la pitié». Autrement dit: assumer sa situation et prendre son sort et son destin à bras-le-corps.