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Il pleuvait des pétards
LE MAWLID ENNABAOUI CELEBRE SOUS LE BRUIT DES EXPLOSIONS
Publié dans L'Expression le 10 - 03 - 2009

Pas une seconde ne passait sans qu'une explosion ne retentisse. Certaines atteignaient parfois l'ampleur de vraies bombes.
La nuit qui a précédé la fête du Mawlid, célébrée hier, a été marquée par une incroyable prolifération de pétards, de fumigènes et autres objets explosifs à la limite du danger pour les citoyens. Des bâtons de fumigènes, aux doubles bombes en passant par les toupies fusées et feux d'artifice, tous les ingrédients étaient réunis pour une nuit de boucan et de feu. Une nuit qui a commencé tôt, puisque à peine le soleil couché que les premiers «bombardements» avaient commencé. Juste après l'appel à la prière, considéré comme le coup d'envoi de la soirée, le brouhaha a commencé à s'accentuer.
En effet, du simple petit pétard appelé jadis «fessayssa», la célébration de la naissance du Prophète Mohammed (Qsssl) s'est faite cette année avec des produits pyrotechniques du plus gros calibre. Comme chaque année, El Mawlid Ennaboui est arrivé pour repartir en fanfare, et toutes les wilayas du pays n'ont pas échappé au rythme des explosions de pétards. Toutefois cette année on a observé une différence de «taille» comparée aux précédentes, à savoir la puissance des pétards et autres produits pyrotechniques.
Les pétards tonnaient de partout, sur les places publiques, les balcons des immeubles, les aires de stationnement ou encore, au détour des ruelles. Pas une seconde ne passait sans qu'une explosion ne retentisse, certaines atteignaient parfois l'ampleur de vraies bombes. Les parents achetaient les «munitions» et les adolescents et enfants s'en donnaient à coeur joie sans mesurer les dangers auxquels ils les exposaient.
Cela n'a pas manqué de faire des victimes, puisque pas moins de 15 cas d'accidents ont été enregistrés hier, rien qu'au niveau du CHU Mustapha Bacha. «Je voulais allumer un pétard et le jeter sur mon frère, mais il m'a explosé dans la main (...) c'était plus qu'une double bombe, c'était du TNT», a témoigné un petit garçon victime d'un accident, à la radio Chaîne III. Sa mère de son côté s'est indignée de cette tradition qui constitue aujourd'hui un danger public. «Je suis indigné (...) mon fils a une fracture des doigts et la peau déchiquetée à cause de ces pétards», s'est-elle plainte au micro de la chaîne radiophonique. Ces réactions ne semblent avoir aucun effet sur les vendeurs et marchands de pétards ambulants. Occupant les trottoirs, les cages d'escaliers et autres places publiques, ces «businessmen de l'explosif» n'hésitaient pas à faire exploser des bombes, doubles bombes et triples même, au milieu de la foule pour attirer les clients poussés par une frénésie des produits pyrotechniques.
Une opération qui a payé puisque les gens accostés dans les rues ne juraient que par le pétard et les fusées pour se plier aux quatre volontés de leurs enfants. Et le «budget» alloué à «ce baptême du feu» oscillait entre 1500 et 7000 dinars au minimum et certains ne se décourageaient pas devant les prix exorbitants pour avoir le kit complet de pétards, y laissant parfois jusqu'à des dizaines de milliers de dinars. Mohammed en fait partie.
«J'ai acheté une batterie de fumigènes pour m'amuser avec mes amis, des doubles et triples bombes, des toupies et des feux d'artifice (...) j'y ai laissé mon salaire», a-t-il indiqué, évitant soigneusement de préciser le montant de cette dépense. Cette dernière lui a permis de faire face à ses ennemis lors de «la bataille de feu» avec les feux d'artifice et les bombes qu'ils se jetaient mutuellement.
Lorsqu'ils avaient épuisé leur stock, ils se ravitaillaient régulièrement chez les vendeurs qui ont vu le rythme de la vente progresser et atteindre son summum dans la soirée. Les vendeurs en ont profité pour faire des rabais et liquider leur marchandise.
C'est ainsi que la capitale est entrée en transe sous les grondements et éclairs des explosions qui durèrent jusqu'aux premières lueurs du jour. Un jour d'accalmie, où le spectacle des rues jonchées de débris de papiers rouges et bleus avec une odeur de soufre, donnait l'image effroyable d'une scène de guerre et non de la célébration d'une fête religieuse.


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