«Mon souci est d' apporter d'autres influences, une autre interprétation, un autre regard et ne pas oublier mes premières influences. Mon prochain album sera plus dansant...», nous a-t-il confié. Il s'est produit jeudi soir dans une salle Cosmos archicomble. Il chante en wolof, bambara ou peul. François Glowinski, désormais Ousman Danedjo, a découvert l'Afrique à 17 ans. Une rencontre qui a bouleversé sa vie. Auteur, compositeur et interprète, il joue également de la kora, du n'goni et des percussions. Son parcours atypique et sa facilité à se mouvoir au sein des cultures et des langues d'Afrique de l'ouest ne font qu'enrichir son talent de musicien et ne doivent pas occulter ce qu'il est: un véritable créateur de musique et un chanteur hors pair. Son travail se situe bien au-delà de la performance. Dans son premier album Enelmedio, Ousmane nous restitue ce voyage intérieur en Afrique, en y mêlant ses autres influences musicales, telles que le jazz et la musique brésilienne. Dounya, Ayesabari, Neneh Afrcia, Borom Tangani, Saana, Sabou N you maya sont autant de titres qui respirent le voyage et la tendresse. Des morceaux qui allient ballades et rythme savoureux, entre mélancolie, sensualité, douceur et métissage ayant mis en émoi la salle de Riad El Feth.Des morceaux qui nous ont emportés très loin, à l'instar de Ouagadougou où nous étions, il y a très peu de temps. Des morceaux qui chantent l'amour, le manque, ou encore la séparation. Ousmane Danedjo a aussi fait sensation en s'adressant au public en langue arabe, pour dire tout son bonheur de jouer en Algérie et en Afrique, sa seconde mère. Il s'est prêté volontiers au jeu des questions après ce chaleureux concert, son premier à Alger et à l'étranger. L'Expression: Vos impressions à chaud après le concert que vous venez de donner à Alger. Ousmane Danedjo: Je ne dis pas ça parce je suis en face de vous, mais c'est un des concerts qui m'a le plus touché depuis deux ans, je crois, parce que le public était génial. Hyperréceptif et chaleureux et en forme et ça j'ai adoré. Normalement, quand on fait un concert en général ça va dans un seul sens. Les gens ne te renvoient pas assez d'énergie. Là ça circulait, c'était génial. On a joué au ping-pong toute la soirée. Pourriez-nous confier votre coup de foudre avec la musique africaine? C'est parti du groupe Touré Kounda que j'ai découvert quand j'avais 12 ou 13 ans. Cela m'avait énormément intrigué; je sentais quelque chose de très fort, très humain. C'est quelque chose qui m'a parlé au plus profond de moi, si bien que j'ai voulu aller voir le peuple lié à cette musique. J'ai ressenti quelque chose de tellement fort. Je me suis dit que ça doit être un pays incroyable. Pour qu'il y ait une musique comme ça, il devait y avoir quelque chose de très puissant. Je suis parti alors au Sénégal, en Casamance d'abord. J'ai vécu entre les deux pays pendant 10 - 11 ans. J'y allais tous les 3, 4 mois. J'étais étudiants, du coup, je partais pendant la période des vacances. Quand j'ai décidé plus récemment de réaliser mon album, 10 ans après mon premier voyage, je suis allé m'installer carrément là-bas. Un retour aux sources. J'ai vécu 4 ans à Dakar pour finir les compositions de l'album et je l'ai réalisé ensuite en France. Je peux dire que c'est mon deuxième pays. J'ai trop d'amis là bas. Plein de souvenirs à un tas d'endroits importants dans ma vie. Certes, c'est parti du groupe Touré Kunda, mais après, j'ai écouté beaucoup d'autres artistes. J'en ai tellement écouté. Il m'ont tellement ému, influencé, inspiré, c'était quelque part, logique qu'après, il y eut dans ma musique cette empreinte. On sent en chaque musicien ses influences quand il compose. Ce fut un plaisir de l'interpréter à ma manière. J'ai essayé en tout cas d'en faire quelque chose de personnel. Mon but n'était pas de créer une musique qui existe déjà. Les musiciens africains n'ont pas besoin de moi pour dire ce qu'ils ont à dire ou à faire. Je me suis dit que je pouvais apporter d'autres influences, une autre interprétation, un autre regard. Ce qui m'intéresse c'est le mélange. Dans mon album, j'ai ce souci de ne pas oublier mes premières influences. Ne pas oublier que je suis occidental. Je considère cet album comme un carrefour musical. C'est parti donc pour rester dans le même genre de musique? Oui! Les influences resteront les mêmes. C'est-à-dire l'Afrique de l'Ouest, le Brésil, etc. Pour mon deuxième album sur lequel je travaille en ce moment, je suis en train d'y penser de plus en plus. J'ai déjà composé des morceaux. Ce qui va changer dans cet album, ce sera les mêmes influences, mais ce ne sera pas le même son. Ce sera plus épuré. Il y aura beaucoup plus de percussions. Ce sera beaucoup plus axé sur le rythme. J'ai mis l'accent sur les arrangements, les mélodies, ce sera toujours le cas mais j'ai envie de quelque chose de plus incisif, de plus rythmé, de plus dansant, tout en gardant mon style. Ce sera un peu plus dansant, c'est le mot. Plus énergique. C'est vrai que dans celui-là il y a plus de ballades... Oui, parfois des morceaux de nostalgie, d'amour, de désillusion d'espoir aussi. Mais du coup, je pense que quand on fait son premier album, on apprend plein de chose. Je l'ai réalisé moi-même. Il y a des erreurs que je ne referai plus. Parfois on se complique la vie pour rien. Parfois, j'ai préféré les maquettes aux morceaux. Je vais donc être beaucoup plus spontané. Après un premier album, on a beaucoup plus confiance en soi. On voit ce qui marche et ce qui ne marche pas. Je vais essayer de faire le deuxième album en moins de temps et être plus efficace.