La grande salle de la Maison de la culture vivait une grande fête, dédiée à la mémoire d'une femme qui a consacré sa vie entière à l'art. «Ils sont venus, ils sont tous là», comme le chantait Aznavour. Les grandes figures de la chanson kabyle, à l'instar d'Akli Yahiaten, Taleb Rabah, Chabha, Ldjida Tamechtouht, Anissa, Djamel Allam et Dalila Brahmi ont tous chanté, jeudi dernier, Bahia Farah. Un hommage digne de la chanteuse, ainsi que de son époux, qui est lui aussi un miniaturiste inégalé. La grande salle de la Maison de la culture vivait une grande fête, dédiée à la mémoire d'une femme qui a consacré sa vie entière à l'art. Et si pour Charles Aznavour c'est le cri de l'agonie de «la mamma» qui a fait venir amis et proches, pour nos grands chanteurs c'est pour que le nom de Bahia Farah soit gravé dans la mémoire de la nouvelle génération. Ils sont venus pour nous apprendre que Bahia Farah était une grande femme, une artiste talentueuse. Il était 14h, la salle était déjà archicomble. Un rendez-vous avec la mémoire. L'orchestre se met à jouer les éternelles chansons. La salle s'envole avec les airs musicaux qui font rappeler le génie de l'artiste disparue. La chanteuse Dalila Brahmi a eu l'honneur d'ouvrir le spectacle en interprétant «Yeqsiyi Wezrem», «Le serpent m'a mordu», une oeuvre magistrale de Bahia Farah. Puis, une autre chanson de Slimane Azem en duo avec Bahia Farah, «Attas Issebregh». Les honneurs sont revenus cette fois-ci à Chabha et Ahcène n'Ath Zaïm, lesquels ont fait vibrer les centaines de personnes qui ont fait le déplacement rien que pour découvrir la vie et l'oeuvre de Bahia Farah. Un autre monument de la chanson kabyle, Akli Yahiaten, n'a pas manqué lui aussi de faire part de ses souvenirs en offrant sa célèbre oeuvre «Inas Imlayoun Taoues». Djamel Allam était aussi de la partie: bien qu'il ne soit pas de la génération de Bahia Farah, sa participation à ce grand spectacle traduit amplement l'attachement à la mémoire des fondateurs de la culture musicale algérienne. En plus des chanteurs, d'autres invités ont honoré ce rendez-vous, en l'occurrence le fils de Farid Ali, le frère de Mohia. De plus, même les personnalités politiques n'ont pas raté l'occasion de rendre hommage à l'artiste. Mohamed Seghir Kara, ex-ministre et actuel vice-président de l'Assemblée populaire nationale (APN), figurait parmi les invités. L'organisation d'un colloque sur la vie et l'oeuvre de Bahia Farah, permettrait de sortir de l'anonymat un nom resté longtemps loin des feux de la rampe. En revanche, une proposition a été faite au cours de cette manifestation pour donner le nom de Bahia Farah à la Maison de la culture de Bouira. Une initiative qui sera un éternel hommage. Et pour que nul n'oublie les fondateurs de notre identité culturelle, il est du devoir de tous de porter chacun sa contribution pour sauver un patrimoine qui est déjà au bord de l'amnésie.