L'UMA vient d'être renvoyée aux calendes grecques et le roi a réussi son... pat. L'histoire retiendra que le royaume chérifien a jugulé, par deux fois, la construction de cet ensemble. La première en 1995 quand il a officiellement demandé le gel des activités de l'UMA, et la seconde quand son roi refuse de participer au sommet qui devait avoir lieu les 21 et 22 de ce mois à Alger. Au-delà de ce report, Mohammed VI et les décideurs marocains ont-ils compris qu'ils viennent d'hypothéquer l'avenir des peuples de cinq pays de la région? Qu'est-ce qui peut justifier cette volonté de casser une union que les peuples réclament? C'est tout bassement la voracité expansionniste d'un royaume qui tente de se maintenir en perpétuant un conflit qui est du ressort du Conseil de sécurité de l'ONU. Youssoufi, Ben Aïssa et consorts ont-ils conscience de cette démarche suicidaire dans un contexte de mondialisation et face à de grands ensembles qui se consolident chaque jour? L'utopie d'une démarche isolée tombée en désuétude, où même en Afrique des Unions (cf. Cedeao) sont au stade de la monnaie unique, semble trouver refuge dans le harem de Mohammed VI. Même nos partenaires qui ont, à un moment, choisi de traiter avec nos pays séparément, affirment aujourd'hui leur préférence pour un ensemble maghrébin. Les Etats-Unis, à travers l'initiative Eizenstat, et l'Union européenne, qui encourage la construction de l'UMA avec laquelle il lui est plus facile de traiter. Le Maroc a réussi son coup. Dieu quel coup! Celui d'anéantir l'espoir des dizaines de millions de personnes de circuler librement de l'Atlantique à la mer Rouge, de la Méditerranée au désert, d'avoir une monnaie, un permis de conduire, une carte d'identité... uniques. Pendant presque huit ans, les structures de l'UMA étaient en hibernation. Depuis l'année dernière, l'Algérie a déployé des efforts intenses et soutenus pour réactiver cette structure. Les cinq commissions maghrébines, le comité de suivi, le Conseil des ministres des Affaires étrangères, tous se sont réunis durant l'année 2001 dans l'unique but de concrétiser le choix «stratégique» qui permettra de négocier au mieux les intérêts d'un Maghreb uni avec les autres ensembles. Il s'est avéré que certaines parties de l'UMA, le Maroc en tête, ne semblent ni pressées ni près de matérialiser cette structure sur le terrain. Le coup de théâtre enregistré avant ce qui devait être le sommet d'Alger en est la preuve. Hasard? Le colonel El Gueddafi appelle le Président Bouteflika pour lui demander le report du sommet. Le même leader libyen avait refusé, en 1995, la présidence de l'UMA sur proposition de l'Algérie, alors que ses activités (l'UMA) étaient gelées à la demande du Maroc. Le sommet d'Alger est reporté, et personne aujourd'hui ne peut dire quand il aura lieu. Dans quelle situation nous «a mis» le roi!