C'est ce qu'a laissé entendre, hier, le ministre des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem, en marge de l'ouverture des travaux de la 23e session du Conseil national économique et social qui se tient au palais des nations ( Club des Pins- Alger). «D'ailleurs, ce sont les Etats et non pas les hommes qui comptent pour nous», a-t-il précisé avant d'ajouter: «Le sommet aura lieu quelles que soient les conditions pour céder la présidence tournante à la Libye afin de se consacrer exclusivement aux relations bilatérales entre Alger et Rabat.» En outre, le chef de la diplomatie algérienne a tenu à préciser: «J'ai transmis personnellement l'invitation du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, à S.M. le Roi du Maroc, Mohammed VI, lors de ma visite au royaume chérifien, à prendre part à ce sommet.» Mais de Marrakech, Abdelaziz Belkhadem a déclaré: «L'Algérie ne ménagera aucun effort pour faire de l'UMA un ensemble régional à même d'être partie prenante dans les grands équilibres stratégiques et économiques internationaux.» Au vu de la dernière donne, la relance de l'UMA risque d'être reléguée aux calendes grecques. En outre et devant l'insistance de l'Algérie à maintenir ce rendez-vous pour céder la présidence tournante à la Libye, le 7e sommet risque de se limiter à trois chefs d'Etat, ceux de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye. Dans un tel cas, sur quelles décisions et perspectives pourra aboutir ce sommet triangulaire dont l'ordre du jour portera sur plusieurs questions liées à la relance des activités multisectorielles de l'UMA ainsi qu'aux concertations politiques autour de dossiers intéressant les pays membres de l'Union? Quel poids aura, ainsi, cet ensemble dans les négociations avec l'OMC, l'UE et dans le règlement des questions internationales? Prévu déjà le 21 juin 2002 et reporté sine die quatre jours auparavant alors que tout était prêt pour l'accueillir, ce 7e sommet risque une nouvelle fois de connaître le même sort en raison des divergences de fond entre plusieurs Etats membres. A ces divergences sont venus se greffer les conflits opposant la Mauritanie à l'Algérie et à la Libye. En effet, la Mauritanie reproche au président algérien ses déclarations à propos de la normalisation avec Israël et l'implantation d'une ambassade israélienne à Nouakchott. Quant au différend l'opposant à la Libye, il concerne le soutien que Mouammar Khadafi aurait apporté à l'opposition mauritanienne. Mais l'obstacle majeur demeure le différend entre Alger et Rabat et qui a trait au règlement de la question sahraouie qui reste du ressort de l'ONU. Un conflit qui handicape depuis 28 ans la réalisation concrète de cette organisation régionale. En outre, les attentats islamistes qui se sont produits en 1994 à Marrakech ont envenimé les relations entre les deux Etats. Ce qui a conduit à la fermeture des frontières algéro-marocaines. En campant respectivement sur leurs positions, les deux capitales hypothèquent sérieusement l'avenir des peuples maghrébins à édifier un ensemble géostratégique devant faire face aux défis de la mondialisation. En fait, il en sera ainsi indéfiniment tant que la question sahraouie n'est pas réglée définitivement. Pour rappel, le dernier sommet de l'UMA remonte à 1994 à Tunis. L'Algérie assure depuis cette date la présidence tournante après le refus de la Libye de présider l'UMA en 1999. L'UMA a été fondée le 17 février 1989 à Marrakech (Maroc), concrétisant une idée débattue par les chefs d'Etat des cinq pays de cette organisation réunis en juin 1988, à Zéralda (Alger).