La voiture algérienne est comme l'Arlésienne: on en parle beaucoup, mais elle n'est jamais au rendez-vous. Il est possible de produire une voiture algérienne dans cinq ans, selon le président-directeur général de la Snvi, Mokhtar Chahboub. Cette déclaration a été faite hier lors d'une table ronde organisée par le forum d'El Moudjahid sur le thème de la sous-traitance. Le même responsable a indiqué que certaines conditions doivent néanmoins être remplies avant de parvenir à cet objectif. Il estime d'abord que les PME algériennes doivent fournir au moins 15% des composants de ces véhicules. Les batteries, les pare-brises et les pneumatiques sont autant de produits qui pourraient être fournis par les producteurs locaux à côté d'autres composants comme la siègerie. En même temps, M.Chahboub considère que les sous-traitants locaux doivent bénéficier de facilités pour acquérir des terrains et des crédits bancaires pour développer leurs activités. Le président du Conseil national de la PME, Zaïm Bensaci, a aussi défendu les sous-traitants locaux dans d'autres domaines que celui de la mécanique. Il affirme que Sonatrach dépense 4 milliards de dollars par an en importation de pièces de toutes sortes sans jamais faire appel à la production locale, ce qui est regrettable, selon lui. Il estime que l'Etat doit inciter les opérateurs algériens à faire appel à des entreprises locales à hauteur de 15% de la valeur des marchés afin d'encourager les PME. Cette disposition est d'ailleurs contenue dans la loi sur les marchés publics sans qu'elle soit appliquée, a-t-il ajouté. D'autres participants à cette rencontre, à l'instar de Brahim Bendriss, président de l'Union des professionnels des industries mécaniques (Uplam) ont préconisé la création d'une école algérienne pour former aux métiers techniques qui sont d'une grande sophistication, et ce, afin de satisfaire la demande et encourager les PME activant dans la sous-traitance. MM.Chahboub et Bendriss ont révélé que les responsables de l'usine Renault au Maroc ont démarché les entreprises algériennes pour fournir certains composants des véhicules mais que la partie algérienne n'a pu répondre favorablement à cette demande. Selon les deux responsables, certaines conditions doivent être remplies avant de se lancer sur le marché extérieur, comme la maîtrise de la technologie et la nécessité de disposer de moyens suffisants pour fournir le marché dans les temps impartis et à moindre coût. Ce qui n'est actuellement pas le cas. M.Chahboub a aussi donné des informations sur la relation de son entreprise avec ses 547 sous-traitants en révélant que des contrats d'une valeur de 3,3 milliards de dinars leur ont été confiés en 2008 pour un montant global d'achats de 8 milliards. En 1980, la part des sous-traitants locaux était de 984 millions de dinars pour une enveloppe globale des achats de 6 milliards de dinars. Lors de cette table ronde, il a été indiqué que les difficultés vécues par la sous-traitance ne se limitent pas au secteur de la mécanique ou des véhicules. Ainsi, le directeur général délégué de HB Technologies, Hamid Benzitouni, a témoigné sur le fait que les cartes électroniques circulant en Algérie sont en majorité importées alors que les capacités locales sont capables de satisfaire le marché local. Seule Algérie Poste a passé une commande auprès de son entreprise pour l'acquisition de 6 millions de cartes électroniques alors que d'autres départements comme celui du Travail a préféré avoir recours à des achats à l'étranger comme pour le cas de la carte Chiffa, regrette ce responsable.