Passant à l'essentiel, le candidat a déclaré sans ambages: «Je suis venu à Batna pour que vous me cautionniez comme d'habitude.» «La violence détruit tout et la paix construit tout.» Tel est le message délivré par le candidat Abdelaziz Bouteflika, lors de son premier discours prononcé, avant-hier, à partir de la capitale des Aurès, Batna. Voulant concilier son discours et l'événement historique du cessez-le-feu, le candidat est revenu sur la nécessité de poursuivre la réconciliation nationale et d'éteindre la voix de la violence. «Il est impossible d'initier une politique d'édification et de construction du pays sans la sérénité et la paix», a-t-il martelé avec persistance à ses sympathisants. Après avoir rendu hommage aux martyrs de la Révolution et particulièrement à la famille du martyr Benboulaïd, le candidat a donné la priorité au volet sécuritaire. Ce n'est pas un hasard, et encore moins une coïncidence. Le candidat a bien choisi son timing. Il a voulu, en ce 19 mars, lancer un appel à la paix pour en finir définitivement avec les affres du terrorisme. «Il faut continuer le processus de réconciliation nationale que nous avons engagé», a-t-il soutenu en demandant ainsi à ceux qui ont été touchés par cette tragédie de pardonner. Tout en reconnaissant qu'il n'est pas facile aux familles de victimes de pardonner, le candidat souligne que l'intérêt du pays vaut le sacrifice. Le candidat a rappelé l'attentat, dont il a été la cible, il y a deux ans: «J'ai failli être des martyrs», a-t-il affirmé en rendant hommage à toutes les victimes et ainsi qu'aux patriotes. M.Bouteflika a également rendu hommage à l'ancien président Liamine Zeroual, dont un des fils a assisté au meeting. Poursuivant son discours, il a rappelé: «Durant les années du terrorisme et de violence, l'Algérie avait souffert de l'isolement imposé par des pays européens, voire des pays frères, avant de recouvrer notre fierté.» Pourquoi ce rappel? Le candidat a voulu par là «inculquer» l'esprit de la paix et de la réconciliation aux jeunes qui, dit-il, voteront pour la première fois cette année, «eux qui n'ont pas connu les affres de la violence, du couvre-feu et des assassinats en plein jour». L'hôte de Batna a fustigé les «extrémistes» en clamant d'une voix sévère: «L'Algérie appartient à tous les Algériens et pas seulement aux laïcs ou aux islamistes.» Une phrase qui a fait vibrer la salle par des applaudissements et des youyous. Le candidat a survolé rapidement son bilan des deux quinquennats. «Je ne vais pas vous présenter le bilan dont vous connaissez bien les détails», a-t-il justifié en rappelant qu'il a tenu ses promesses en matière de développement économique et social du pays, malgré les «réserves émises» par les uns et les autres. Comme il a souligné que le pays s'est débarrassé du «fardeau» de la dette extérieure, alors que certains économistes avaient suggéré de se consacrer plutôt au développement même en étant endetté. «Nous avons choisi l'option du remboursement car il y va de la fierté de l'Algérie», a-t-il défendu. Entamant en dernier l'objectif de son déplacement, M.Bouteflika a annoncé être «porteur des mêmes idées et du même programme de développement économique et social du pays, basés sur la réconciliation nationale.» Il cita, entre autres, la création de 3 millions d'emplois, 1 million de logements et l'objectif de 2 millions d'étudiants à atteindre en 2015. Saisissant l'occasion, il a appelé les Algériens à «travailler et à construire» le pays en leur annonçant que 150 milliards de dollars seront investis durant le prochain quinquennat. Abordant le scrutin du 9 avril prochain, le candidat a exhorté les citoyens à aller voter car, a-t-il averti, «le monde nous observe et nous surveille». «Soyez perspicaces et votez en toute responsabilité et souveraineté. Prouvez et démontrez que le peuple algérien est vivant», a-t-il insisté à l'adresse des participants. «Si vous êtes pour la continuité votez, si vous êtes contre votez par non, il faut voter même par un bulletin blanc, votre choix sera respecté», a-t-il assuré en réponse à ceux qui disent que les jeux sont faits. Revenant à l'essentiel, le Président-candidat a voulu apporter cette précision: «Je suis venu à Batna pour que vous me cautionniez comme d'habitude. J'ai aussi choisi les Aurès pour entamer ma campagne électorale en raison de ce que représente cette région pour moi et pour le pays.» Enfin, à son arrivée à Batna, le candidat Bouteflika s'est offert un bain de foule chaleureux. «Oui pour la continuité et la paix», «Bouteflika Raissna (est notre président Ndlr)», ont scandé sans cesse les citoyens de Batna.