Deux danseurs américains et le ballet de l'Onci ont fusionné, en donnant à voir samedi dernier un spectacle captivant. Durant près de quarante-cinq minutes, les danseurs du Ballet national de l'Office national de la culture et de l'information (Onci) aidés par les deux danseurs américains, Robin Cantrell et Sean Scan Tlebury du Battery Dance Company de New York ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Dans une salle archicomble, les danseurs algériens ont offert au public le résultat d'un travail collectif intensif, mené dans le cadre d'un atelier de danse qui n'a duré que 4 jours! (du 14 au 17 février). Un exploit en somme. Entraînés sous la houlette de nos deux performers américains, nos jeunes se sont surpassés en énergie et en dynamisme sur scène. Le spectacle émouvant traduisait la souffrance des peuples noirs, la douleur notamment, des esclaves et leurs tentatives de s'affranchir pour accéder à la liberté et la paix de l'âme. Tout de blanc vêtus, des costumes amples et vaporeux, nos deux danseurs américains ouvriront le bal sur une musique classique dramatique donnant à voir un tableau onirique. Telle une sylphide, Robin étend ses bras et s'offre à la vie. Apparaissent par la suite nos danseurs algériens dans leurs costumes sombres. Fardés de noir, et la mine terne, ils exécuteront un tableau des plus oppressants où les corps, comme enchaînés, se repoussent, nonchalants, s'entrechoquent, se traînent et tombent à terre. La danse est contemporaine, les gestes saccadés. Invocation des dieux par la transe. Les corps s'étirent encore. Les danseurs s'enlacent, essuient des mouvements ondulatoires, puis se ramassent par terre et forment à la fin une pyramide humaine. Place à une vidéo où l'on découvre une femme en tee-shirt rouge en train de danser sur fond d'une image de gens qui montent et descendent dans une gare de train ou de métro vraisemblablement sur un rythme très rapide. Finie la projection sur le mur, apparaît sur le sol Robin au corps filiforme, avec un haut rouge. Elle exécutera des mouvements de danse contemporaine. Et la seconde partie du spectacle commence. Tee-shirts blancs sur pantalons noirs, nos danseurs algériens au top de leur forme déploient une énergie folle en interprétant des mouvements encore plus physiques et athlétiques, entre hip-hop et break danse. Le public enthousiaste, crie sa joie. Le tableau est soutenu par une musique électronique. Le hip-hop, culture américaine par excellence, est très prisé par les Algériens. Entrent sur scène des jeunes gens qui s'adonneront à des sauts de haute voltige et autres mouvements qui font appel à la force du corps et de l'esprit puis une fille traverse, comme pour narguer les garçons, au milieu de la scène. Le public est sous le charme. Le clou de la soirée est le retour de nos deux danseurs américains émérites. A l'image d'un beau duo, le couple exécute des gestes fins, gracieux et sensuels. Shean porte sur son dos Robin qui s'élève vers le ciel et s'en va ainsi quittant la scène sous les acclamations nourries du public. Parmi les danseurs du Ballet national de l'Onci, l'on a pu distinguer ainsi Nassima Chams que l'on avait découverte en tant que comédienne dans le dernier film de Nadia Cherabi, L'Envers du miroir. Dans les coulisses, laissant les filles se démaquiller et se changer, nous abordons une jeune homme. Hassan a le corps d' un athlète. Il nous confie être danseur de hip-hop mais aussi coach et gérant d'une salle de sport à Baba Hassen. Il nous fait part de ses sentiments suite à sa participation à ce spectacle: «Cela a été pour moi une très bonne expérience de travailler avec les Américains car ils sont en général très forts en matière de chant et de danse. Ça s'est très bien passé à l'atelier. N'oublions pas que nous sommes des danseurs avant tout donc nous communiquons surtout avec le corps. L'atelier nous a permis d'avoir une nouvelle vision de la danse, une nouvelle façon de fusionner les styles car nous sommes une troupe polyvalente. Les danseurs américains nous ont permis d'évaluer notre niveau collectif. Nous ne sommes pas les meilleurs mais on s'accroche! Shean nous a appris comment enchaîner les mouvements de danse pour assurer une coordination parfaite entre les styles...» Pour rappel, ce spectacle s'inscrit dans le cadre de la coopération culturelle entre l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger et le ministère de la Culture. Le groupe Battery Dance Company, dont nos deux danseurs américains sont issus, s'est produit et a enseigné en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Dans la continuité de la célébration du mois de l'histoire des Noirs aux Etats-Unis, l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger a aussi concocté pour le 23 février prochain une projection du long métrage the Great Debator du réalisateur Denzel Washington (2007), et ce à partir de 19h à la salle El Mougar.