Il était présent avec le film La malédiction à la dernière édition du Festival international du film amazigh. Saïd Bellili est un jeune réalisateur qui a percé rapidement dans le monde cinématographique. À son actif, quatre productions qui traitent de plusieurs sujets sensibles, parfois des thèmes qui fâchent. Le réalisateur de Daawessu (La malédiction), a entamé sa carrière par un violent thème, le séisme de Beni Ourtilane en 2000. L'Expression: Que suscite pour vous le cinéma d'expression amazighe? Saïd Bellili: Le film amazigh est un enrichissement pour le cinéma algérien de manière générale et pour le cinéma d'expression amazighe en particulier. Espérons que le Festival du cinéma amazigh va durer dans un cadre caractérisé par la compétitivité. Lors de la dernière compétition, les Marocains ont remporté les meilleurs titres, quelles sont vos impressions? Certes, il y avait la participation marocaine. Du moment que le festival est maintenant international, on ne peut pas priver un pays voisin comme la Tunisie, ou le Maroc d'y prendre part surtout qu'ils rentrent dans la ligne du festival. Il y a une amélioration du cinéma marocain mais également du cinéma algérien. Aussi, chez nous, le rituel est connu. Quand on a des invités, les Kabyles sacrifient un coq. Seulement, on n'a pas le droit de priver ses enfants de cette fiesta et les laisser sur leur faim. Où se situe le cinéma amazigh par rapport au cinéma algérien de manière générale? On ne peut pas différencier le cinéma d'expression amazighe du cinéma national. Moi je considère que le cinéma d'expression amazighe est national. Ça reste dans le cadre du cinéma algérien, il n y a pas de cinéma amazigh, arabe ou français. Il y a du cinéma d'expression amazighe, arabe, française... Parlons de votre film, La Malédiction J'aurais souhaité qu'il ait sa place parmi les films sélectionnés à la compétition à l'Olivier d'or. C'est le choix du comité de sélection que je respecte. Mais c'est vraiment dommage, je suis un peu déçu, car j'ai vu un peu les autres films, qu'ils soient de longs, courts métrages ou documentaires. Je ne vois pas pour quelle raison mon film n'a pas été sélectionné si on regarde sa qualité technique et artistique. Le film s'intitule La Malédiction (Daawessu). Le film retrace quelque peu un comportement vécu pendant une certaine période en Kabylie où l'amour était interdit.. Effectivement. Le film s'articule autour d'une histoire d'amour qui repose sur trois sujets dominants, amour, autorité, et désespoir. Côté amour, le film raconte l'histoire simple, profonde et émouvante des jeunes de l'époque, des années 60, de la Kabylie profonde qui s'aiment d'un amour sincère. Mais l'autorité des parents prime le choix et les sentiments. Le jeune n'a pas la chance d'épouser la femme qu'il aime, il finit par épouser une femme élue par son père, l'autorité. Le troisième sujet est le désespoir. A la recherche de son frère, disparu avant la guerre, le jeune n'a pu se rendre en France qu'après la mort de son père alors que ce dernier lui avait interdit de voyager. Et c'est à partir de là que commencent le désespoir et la malédiction parentale. La malédiction le poursuit, le jeune en question n'a ni réussi son exil ni retrouvé son frère. On dit que Saïd Bellili a trop galéré pour devenir cinéaste... Ecoutez, le parcours d'un cinéaste, d'un artiste, est un parcours d'un combattant, très difficile et plein d'obstacles. Avec la volonté et l'amour que je porte pour le cinéma, j'ai pu dépasser toutes ces embûches. C'est avec le courage que j'ai pu réaliser ces quatre films. Les moyens financiers font-ils défaut? Les moyens financiers ne peuvent freiner l'artiste pour faire quelque chose. Qu'on soit chanteur, poète, cinéaste ou écrivain, il faut aimer ce que l'on fait. Il faut que ça vienne du coeur. On croit savoir que la tutelle - autrement dit, le ministère de la Culture - s'est engagée pleinement à encourager le cinéma... Il y a une petite ouverture, j'espère que cette ouverture sera grande. Avec la manifestation «Alger capitale de la culture arabe 2007», on a vu pas mal de productions cinématographiques, littéraires, théâtrales. Je suis optimiste, mais il faut se battre, il faut s'imposer, on n'a pas le choix, on est condamné à améliorer nos productions et à aller de l'avant. Un mot en conclusion... Comme je l'ai toujours dit, il ne faut pas encourager la médiocrité. J'insiste sur l'esprit de compétitivité qui encourage la production cinématographique. Cette année, il y a eu la 9e édition du film d'expression amazighe, si on encourage la médiocrité il n y aura pas de 10e ou 11e édition.