Comme à Béjaïa, le Président-candidat a adopté dans la capitale du Djurdjura un discours conciliant, allant jusqu'à avouer que “la tragédie” du Printemps noir a été “provoquée”, sans toutefois désigner la partie qui en aurait été à l'origine. Le candidat Bouteflika a déclaré publiquement, hier, à Tizi Ouzou, ignorer qui est à l'origine des événements de 2001. “Je le dis devant la nation : dans ma position, je ne savais pas qui, de ce côté ou de l'autre côté, a provoqué cette tragédie”, a-t-il dit, tout en s'inclinant à la mémoire “des martyrs de 2001”. Martyrs que les Algériens pleurent comme leurs enfants, parce qu'ils “sont une perte”, a-t-il reconnu. Bouteflika s'insurgea contre les partisans de la division, de la partition et “la particularisation” régionale. “Je suis un authentique Amazigh, quand j'ai quelque chose à dire, je le dis en face, quand je me trompe je fais mon mea-culpa, je n'ai jamais frappé quelqu'un dans le dos, encore moins les enfants de mon pays”, dit-il. Propos destinés à la fois à décrisper l'atmosphère et surtout à disculper le candidat de toute implication dans le Printemps noir. Et de saluer l'accueil qui lui a été réservé. “Après cet accueil chaleureux, je peux mourir tranquille”, dit-il sous les ovations de la grande assistance entassée dans la salle de la Maison de la culture. Il a mis l'accent, par ailleurs, sur la poursuite de la politique de réconciliation nationale et sur l'unité nationale. “Je ne peux avoir d'existence que dans la réconciliation nationale et l'unité nationale”, a-t-il précisé. Aussi a-t-il lancé un appel aux terroristes pour abandonner leur activité criminelle. “Je lance un appel fraternel à ceux qui endeuillent le pays pour revenir et rejoindre la société”, dit-il. Appel sous-tendu par une garantie : “Ni haine ni rancœur”. Auquel cas, a promis Bouteflika, ils seront combattus par les Patriotes, l'armée, les forces de sécurité. Et le peuple. Parce que le peuple ne se rend pas, “ne s'est jamais rendu, même pendant la période de la colonisation”, a-t-il souligné. Il a, par ailleurs, annoncé l'urgence de régler les dossiers pendants, sans en donner de précisions. “Il faut régler les dossiers pendants et cela doit se faire immédiatement”, dit-il. Par contre, pour le développement de la région, un seul obstacle, selon lui, peut gêner le programme : les assiettes de terrain. Il préconise l'achat de terrains du privé pour la réalisation de suppléments de structures d'utilité publique. Pour le programme de développement, il s'est contenté de dire que la région mérite “plus, beaucoup plus” et que les “moyens existent”. Il a avoué encore qu'il n'était pas venu à Tizi Ouzou pour discourir, mais pour voir la population. “Je ne suis pas venu pour faire des discours. Je suis venu pour vous voir, pour savoir si vous avez décidé de continuer la route avec moi”, dit-il. Les électeurs de Tizi Ouzou sont invités à faire leur choix entre les candidats, les programmes. “Vous avez l'embarras du choix”, dit-il en citant l'exemple de Louisa Hanoune pour “le travail qu'elle fait pour les femmes”, mais ne s'accorde pas avec elle sur les choix doctrinaux. “Sa voie socialiste est dans nos cœurs et nos têtes”, dit-il, mais lui préfère faire ce que le monde fait : l'économie de marché, sans aller jusqu'au modèle “Thatcher et Reagan”, c'est-à-dire la globalisation. Il a promis, enfin, que quelle que soit sa position dans le futur, il restera un défenseur de la réconciliation nationale et de l'unité nationale. Car, a-t-il affirmé, c'est une question de convictions. “Ce n'est pas le poste qui donne des convictions, ce sont les convictions qui donnent du panache au poste”. Et d'inviter la population à voter le 9 avril. “Avec vos voix, l'Algérie est debout sur ses pieds. Après le 9 avril, si vous êtes avec nous dans la même équipe, on construira la nouvelle Algérie”, dit-il. Y a-t-il référence à l'équipe de la JSK, son président, son staff ains que d'anciens noms comme Fergani et Medane, venus l'accueillir ou aux sportifs comme l'ancien boxeur Loucif Hamani ? On y a même vu Ali Feraoun, fils de l'écrivain Mouloud Feraoun qui lui offrit un burnous. Moh-Cherif Hannachi expliquera sa présence par “le devoir vis-à-vis de la région qui doit renouer avec le développement”. “Une région difficile, montagneuse qui a une mentalité différente”, a-t-il déclaré. Après Béjaïa et Tizi Ouzou, le candidat Bouteflika aura-t-il réussi sa réconciliation avec la Kabylie ? Djilali Benyoub