En l'état actuel de l'enquête, Khartoum ne formule aucune accusation précise contre Israël. Le Soudan a affirmé hier que des avions étrangers avaient effectué deux raids -et non un comme annoncé la veille- contre des contrebandiers près de sa frontière avec l'Egypte, mais précisé n'avoir aucune preuve que ces attaques ont été commises par Israël. «Deux bombardements ont eu lieu, un à la fin janvier et l'autre à la mi-février», sur des convois de contrebandiers dans une zone désertique au nord-ouest de Port Soudan, près de la frontière égyptienne, a déclaré Ali Sadiq, porte-parole de la diplomatie soudanaise. Jeudi, le ministre soudanais des Transports, Mabrouk Moubarak Salim, avait indiqué que des avions étrangers avaient effectué, à la mi-janvier, un raid sur un convoi de camions de contrebandiers et affirmé à la chaîne satellitaire al-Jazeera que les armes illégales étaient destinées à Ghaza. Selon le blog d'un correspondant de la chaîne de télévision américaine CBS, qui n'a pas précisé l'identité de ses sources, le raid aurait été mené par l'aviation israélienne. A Jérusalem, l'armée israélienne a refusé de confirmer ou de démentir les informations de CBS. «Nous n'avons pas l'habitude de réagir à ce genre d'informations», a déclaré jeudi un porte-parole de l'armée israélienne. Les radios militaire et publique ainsi que plusieurs quotidiens israéliens ont fait leurs gros titres sur ce raid. Sans évoquer les informations sur le raid au Soudan, le Premier ministre israélien sortant Ehud Olmert a affirmé lors d'une allocution à Herzliya près de Tel-Aviv que «nous opérons dans beaucoup d'endroits, proches et lointains et menons des frappes susceptibles de renforcer notre capacité de dissuasion». «Nous opérons là où nous pouvons viser l'infrastructure terroriste. Il est inutile de rentrer dans les détails mais chacun peut utiliser son imagination», a-t-il ajouté. Le 16 janvier, soit deux jours avant la fin de l'offensive à Ghaza, un accord avait été conclu par la secrétaire d'Etat américaine de l'époque, Condoleezza Rice, et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni pour lutter contre la contrebande d'armes vers le territoire palestinien. Selon les médias israéliens, cet accord prévoit un échange de renseignements sur le trafic d'armes, notamment de roquettes et de missiles en provenance d'Iran et destinés au Hamas. M.Olmert a pour sa part fait allusion ces dernières semaines à de «grandes opérations» menées par l'armée israélienne durant son mandat, en refusant de donner des détails. Différents médias ont aussi évoqué la possibilité que les raids aient été menés par les Etats-Unis. «Nous avons d'abord soupçonné les Etats-Unis, mais nous avons reçu l'assurance que les Etats-Unis ne sont pas derrière ça. Nous considérons actuellement d'autres possibilités, y compris Israël», a dit M.Sadiq, précisant que l'enquête des autorités soudanaises n'était pas encore terminée. «A l'heure actuelle, il n'y a rien qui indique qu'Israël est derrière ça», a toutefois souligné le porte-parole. Par ailleurs, M.Sadiq a à la fois condamné «toute forme de contrebande» et une agression contre la «souveraineté nationale» du Soudan. Le Soudan va répondre «de façon diplomatique» lorsqu'il connaîtra l'auteur de ces bombardements, a ajouté le porte-parole de la diplomatie soudanaise qui a établi à «environ 40 morts» le bilan des victimes.