Inadmissible! Nos jeunes font les frais de la décomposition avancée du tissu social. Les malheureux événements qui ont ébranlé, lundi dernier, le quartier de Kouba est, certes condamnable, mais ils jettent la lumière sur un problème de fond: l'absence d'un projet de société qui puisse offrir des perspectives réelles d'émancipation à la jeunesse. Tout programme politique qui n'accorde pas à ce chapitre l'importance requise est voué à l'échec. Un échec annonciateur de dérives désastreuses pour le pays. Ainsi, la marginalisation des deux tiers de la société pourrait provoquer une instabilité politique à même de menacer jusqu'à l'existence de la nation. Pour cela, une étincelle suffit, un match de football par exemple. Bien sûr, il est facile de condamner des adolescents ayant grandi dans un engrenage de violence extrême qu'ils n'ont pas choisi. Cependant, a-t-on suffisamment de courage politique pour avouer les limites des réponses apportées aux aspirations légitimes de la jeunesse? Dans le meilleur des cas, ces jeunes sont marginalisés et dans la pire des situations, ils servent de chair à canon aux calculateurs et autres manipulateurs morbides dont les intérêts n'ont rien de commun avec ceux de l'Algérie. A Kouba, les jeunes se sont affrontés avec des armes blanches. N'ayant plus rien à perdre, ils étaient prêts à s'entretuer. Le sang a coulé et il a fallu attendre une heure pour voir les éléments de police anti-émeutes intervenir. Une heure durant laquelle les secondes s'égrenaient au rythme de cris et de coups échangés entre les supporters du Nahd et ceux du RCK. Une heure durant laquelle les deux galeries se sont transformées en deux armées prêtes à en découdre au prix d'une vie méprisée et d'une mort banalisée. Ainsi, les infrastructures qui ne répondent nullement aux normes sportives et sécuritaires requises se sont transformées en foyers de violence. Dans tous les stades du pays, l'insécurité règne en maître incontesté. Et pourtant, la jeunesse algérienne voue un amour viscéral à la vie. Cette jeunesse est porteuse de la flamme qui a de tout temps fait la fierté du peuple algérien: l'amour de la liberté. Cette jeunesse a besoin de s'affirmer, certes, mais elle a surtout besoin que l'on la reconnaisse en tant que garante de l'avenir du pays. Alors crions haut et fort: «Basta le bricolage! Basta les fuites en avant! Basta les promesses sans lendemain! Il est temps d'asseoir un projet de société à la hauteur des attentes des hommes et des femmes de demain».