Les six candidats à la magistrature suprême ont aussi identifié à travers leurs promesses les attentes de leurs électeurs. Le week-end a été chargé en réunions et meetings politiques. Chaque camp a fourbi ses armes en mettant en oeuvre tous les moyens dont il dispose ainsi que son poids dans la balance afin de rallier le maximum de suffrages sur le nom de son champion le jour J. On peut dire sans nous tromper que cette campagne électorale tire à sa fin au pas de charge. C'est le dernier virage avant la ligne droite: il faut le négocier dans les meilleures conditions possibles. Et c'est ainsi que la représentante du Parti des travailleurs continue sur sa lancée, faisant feu de tout bois, en persistant dans des thèmes où elle excelle: la souveraineté nationale et les renationalisations. Louisa Hanoune a de nouveau fustigé la politique du gouvernement «sortant» en matière de privatisations. Elle a qualifié la réforme menée par Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, d'«échec patent». Il est symbolisé, selon la porte-parole du Parti des travailleurs, par «la perte de 40% des emplois d'El Hadjar et la fermeture de 1 500 entreprises publiques avec des solutions improvisées en matière de lutte contre le chômage». C'est à partir de Annaba que s'est exprimée Louisa Hanoune, qui a lancé un solennel appel au peuple, avec lequel elle donne l'impression de communier, afin qu'il lui accorde «une forte délégation de pouvoir» le 9 avril 2009 pour qu'elle puisse prendre des «décisions audacieuses, telles que les renationalisations des entreprises démantelées du secteur public, constituant le socle de la souveraineté économique à l'instar des complexes d'El Hadjar et Asmidal.». A Dréan (El Tarf), où elle se trouvait jeudi, la candidate du Parti des travailleurs a rappelé la vocation agricole de la région et promis si elle venait à être élue de mettre en place une véritable réforme agraire mais également une industrie lourde pour «sauver et renforcer les entreprises publiques et redynamiser le tissu industriel». Le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika était quant à lui à Skikda où, comme à son habitude, il a été chaleureusement accueilli par la population. «Bienvenue à l'artisan de la paix et de la réconciliation» pouvait-on lire sur certaines banderoles, des thèmes sur lesquels est longuement revenu le président de la République, lequel brigue un troisième mandat. Abdelaziz Bouteflika bénéficie en outre du soutien de poids de son ex-chef de gouvernement et de son actuel Premier ministre. Si depuis Sidi Aïch Abdelaziz Belkhadem a appelé la population à voter massivement pour la réélection de M.Bouteflika afin qu'il puisse avoir «les coudées franches pour conduire son projet», Ahmed Ouyahia a quant à lui mis l'accent sur la lutte contre la corruption, l'anarchie et le détournement des deniers publics qui feront l'objet d'une campagne implacable si Bouteflika est réélu. Mohamed Saïd qui était l'hôte d'El Bahia, Oran, a promis de désengorger les villes du Nord en créant une capitale politique qui se situerait à In Salah. Ce projet pourrait accueillir 1 million d'habitants selon lui. Il a promis en outre d'encourager le logement de fonction et de promouvoir le pouvoir d'achat. Moussa Touati, qui s'est rendu à Ghardaïa, est revenu sur ses thèmes de prédilection: la réhabilitation de la justice sociale, la hogra et la marginalisation. Il a assuré que s'il était élu «tous les Algériens vivraient dans la paix et la prospérité». Le candidat de AHD54 a pour sa part plaidé depuis Mila pour une meilleure répartition des richesses entre les citoyens. «Le peuple algérien a le droit de profiter des richesses de son pays et d'y vivre avec dignité.» a déclaré Ali Fawzi Rebaïne. Le candidat d'El Islah s'est une nouvelle fois adressé aux jeunes depuis Tébessa. Il les a exhortés à opérer un «changement réel» qui garantirait une «démocratie saine». Quant à la politique extérieure du pays, Djahid Younsi a estimé que la voix de l'Algérie «ne se fait plus entendre dans le concert des nations au moment où des pays voisins, qui possèdent beaucoup moins de richesses que l'Algérie, jouissent de plus de poids, de considération et d'influence en Afrique mais aussi dans le monde». Les électeurs apprécieront à leur juste valeur les propos des uns et des autres. Jeudi prochain, ils décideront en leur âme et conscience de celle ou de celui qui conduira l'avenir du pays pour les 5 ans à venir.