Epuisés par 19 jours de campagne non-stop, la plupart des candidats ont préféré observer un break pour reprendre le souffle. La pluie s'invite à l'événement politique. «Allô, bonjour, écoute, il faut prévoir des bus au niveau des zones rurales pour transporter les gens, on risque d'avoir 50 millimètres de pluie ce jeudi. Il faut prendre au sérieux le transport, d'accord! Et on va vous envoyer la facture, merci», insiste, dans une communication téléphonique, un des membres du staff de campagne du candidat indépendant, Abdelaziz Bouteflika. La fatigue s'affiche sur son visage et notre interlocuteur avoue que les dernières heures sont un peu difficiles. «Nous suivons de près les procédures d'organisation du scrutin au niveau de toutes les wilayas», explique-t-il en gardant l'espoir grand de voir un taux de participation très fort. Il était exactement 11h45 quand nous avons débarqué au QG du président-candidat, sis sur les hauteurs de Hydra. A l'extérieur, le parking affichait déjà complet. Des voitures sont collées les unes aux autres. Les agents de sécurité tentaient de faire des économies en orientant les retardataires. Cette image donne d'avance un aperçu de l'ambiance qui règne dans les locaux de la permanence du président sortant. La réception comme la salle d'attente grouillent de monde. Des représentants des associations des handicapés et des mouvements associatifs attendaient qu'ils soient reçus. Le personnel de la réception était dépassé. «Depuis ce matin, des foules importantes de personnes affluaient vers le siège», nous confie une jeune demoiselle. Sur place vous apercevez toutes les couleurs et toutes les gammes de la campagne. Des responsables politiques aux citoyens, dont quelques-uns venus du Sud, s'agglutinent dans les salles. Un homme portant un turban blanc et une gandoura beige fait son apparition. «C'est cheikh Maârouf d'Adrar», souffle un agent à sa collègue. Dans une petite discussion avec ces agents, cheikh Maârouf confie avec fierté: «J'ai fait la campagne même au Mali.» «C'est une personne très active», affirme, après son départ, un agent de sécurité. Quelques minutes plus tard, le patron de l'Ugta apparaît avec un visage souriant. «Il venait de rencontrer Sellal», dit un des agents. Hier, le QG de campagne a été pris d'assaut par les partisans. «Beaucoup d'entre eux sont venus demander des affiches», indique notre interlocuteur. Tous les membres du staff de campagne étaient pratiquement occupés. «Si vous voulez voir quelqu'un, de préférence revenez tout à l'heure», nous suggère un agent. Midi passé, aucun responsable n'a bougé de son siège pour observer une pause-déjeuner. Alors que le QG grouille de monde, ailleurs l'ambiance était plutôt morose. Une heure auparavant, plus exactement 10h45 au siège du PT, en face du lycée Ourida-Meddad à El Harrach, c'est le calme absolu. Les affiches de la candidate couvrent tout le portail d'entrée. A la réception, il y avait trois personnes. Mis à part le téléphone qui sonnait toutes les cinq minutes pour s'enquérir du lieu de vote de la candidate, rien ne donnait l'impression qu'un important événement est imminent. Les quelques militants du parti aperçus avaient la mine affaiblie. «Nous sommes en train de coordonner nos actions au niveau des différentes wilayas pour nous assurer de la présence de tous les contrôleurs au niveau des bureaux de vote», nous confie M.Djoudi, directeur de campagne. Interrogé si la candidate est dans son bureau, M.Djoudi répond: «On lui a conseillé le repos, elle est fatiguée.» Au siège du candidat Mohamed Saïd, à la cité Malki, c'est le calme total. Le vide emplit les locaux. «Il n'y a personne ici, ils sont tous au CIP. Revenez l'après-midi si vous voulez», affirme un jeune homme croisé juste à l'entrée du siège, qui était en compagnie de deux jeunes militantes. A l'extérieur, aucune affiche, seule la plaque indiquant le siège du parti. Même ambiance au QG du FNA. L'atmosphère était peu enthousiaste à la rue Tanger. La voix un peu rauque, le directeur de campagne du FNA, Abdellah Tine, livre quelques impressions. «Le taux de participation ne sera pas fort, les conditions climatiques peuvent avoir un impact sur la participation», a-t-il pronostiqué. Interrogé sur les préparatifs à moins de 48 heures du jour «J», M.Tine assure que les choses se déroulent dans de bonnes conditions. Au parti AHD 54, le silence est palpable. «C'est un calme qui précède une tempête», commente Aïssa Benmaki, directeur de campagne du candidat Fawzi Rebaïne. Sur place, les personnes présentes se comptaient sur les doigts d'une seule main. Parmi eux le candidat à la présidentielle qui réunit à huis clos ses deux responsables. Enfin, il y a lieu de souligner qu'à moins de 48 heures du début du scrutin, l'ambiance au niveau des permanences est loin de refléter l'importance de l'événement politique. Epuisés par 19 jours de campagne non-stop, la plupart des candidats ont préféré observer un break pour reprendre le souffle.