Les statistiques font ressortir que six millions d'électeurs n'ont pas trouvé, parmi les six candidats en lice, celui qui cadre le mieux avec leurs convictions. Si il n'y avait aucun doute sur le nom du futur président de l'Algérie, en revanche le taux de participation à l'élection présidentielle constituait l'enjeu principal de cet évènement politique. Les Algériens iront- ils voter ou non? Le spectre du boycott qui a plané pendant tous les rendez-vous électoraux depuis 3 ans se dissipera-t-il le 9 avril? La réponse a été donnée hier par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Noureddine Yazid Zerhouni. Si l'on se réfère aux chiffres officiels, le taux de participation a atteint les 74,54%. Une première lecture politique permet à tout observateur averti de constater que les boycotteurs ont échoué. Allant dans les détails, le ministre d'Etat qui rappelle le nombre d'inscrits qui a atteint le seuil des 20 millions d'électeurs, notera que 15 millions ont accompli «leur devoir» de vote. 1 million a rendu un bulletin nul et 14.378.578 se sont exprimés. Ces statistiques font ressortir néanmoins que six millions d'électeurs n'ont pas trouvé parmi les six candidats en lice, celui qui cadre le mieux avec leurs convictions. Un détail à ne pas négliger. Hier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a eu des mots durs à l'égard des parties qui ont appelé au boycott. Ils sont qualifiés tout d'abord de «manipulateurs» qui ont échoué dans leur mission. Le taux de participation enregistré selon lui, n'est pas une surprise étant donné la prise de conscience de la population. Il citera principalement «les citoyens de Tizi Ouzou et de Bejaïa qui ont compris que des gens voulaient les manipuler». Mais le ministre ne s'arrêtera pas à ce stade. Il accuse d'une manière très claire les partis influents dans la région d'être derrière les incidents qui ont émaillé le scrutin, y compris le recours à la violence dans certains bureaux de vote. «Les instigateurs et les auteurs de ces actes seront poursuivis en justice», fait-il savoir. Revenant à ce que le ministre qualifie «de participation massive», on remarquera que la surprise n'est pas venue de la Kabylie uniquement, des communes comme Berriane, qui fut le terrain de plusieurs manifestations ces deux dernières années «a tourné le dos aux boycotteurs». Elle enregistre un taux de participation estimé à 80%. 97% des électeurs khenchlis ont voté aussi. Zerhouni explique cet engouement pour l'acte de vote en mettant en exergue plusieurs donnes. La première, la plus importante, est le bilan du président Abdelazziz Bouteflika. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a, de plus, mis en relief le développement exceptionnel engagé par l'Algérie depuis 1962, et les réalisations tous azimuts qui ont directement contribué à la forte participation au scrutin du 9 avril. Il n'omettra pas aussi le travail de proximité réalisé, parallèlement à la révision des listes électorales. Par ailleurs, le peu d'engouement pour le vote enregistré chez les Algériens à l'étranger est dû essentiellement à un «obstacle technique» l'éloignement du bureau de vote du lieu de résidence. Rappelons que le taux enregistré au niveau de l'émigration a atteint 36,48%. Les adversaires du président de la République ne prennent pas pour argent comptant les chiffres du ministre de l'Intérieur. Moussa Touati, le candidat du FNA qui tablait sur un taux de participation de 40% et sur un deuxième tour invoque le bourrage des urnes.