Deux chocs entre deux vieux routiers et deux apprentis. Ce tournoi asiatique se caractérise par la particularité d'offrir un double choc des extrêmes et inédits entre deux habitués qui totalisent chacun dix participations à ce stade de la compétition alors qu'il s'agit d'une grande première pour leurs adversaires respectifs. Paradoxalement, même s'ils totalisent sept titres mondiaux, le Brésil et l'Allemagne, deux vieux habitués du dernier carré, ont réalisé le parcours éliminatoire le plus faible de leur histoire, décrochant de justesse leur billet pour l'Asie, il en est d'ailleurs de même pour la Turquie, sortie victorieuse d'un barrage contre l'Autriche (1-0, 5-0) pour participer à la seconde phase finale de son histoire que la Corée du Sud atteignait sans batailler comme qualifiée d'office. Les Coréens qui se sont offert le scalp de quatre grandes nations européennes, Pologne, Portugal, Italie et Espagne au cours de la compétition, sont les premiers Asiatiques à atteindre ce stade de la compétition en six participations et rêvent d'une cinquième. Comme quoi l'appétit vient en mangeant, l'Allemagne est prévenue. La Mannschaft misera, une nouvelle fois, sur les coups de pied arrêtés et sur les contres pour se débarrasser d'une formation coréenne survoltée, aux joueurs incroyablement polyvalents, mais parfois imprudents dans leur soif d'aller vers le but adverse. En 1994, Rudi Voeller, déjà sur le banc, mais comme joueur, avait assisté à la victoire allemande sur la Corée (3-2). Cette fois, un petit 1-0 lui suffirait pour pouvoir affronter pour la première fois en finale le vainqueur de l'autre confrontation entre le Brésil et la Turquie qui aura, à coup sûr, un relent de revanche. Grâce à un but en or d'Ilhan, la Turquie a battu le Sénégal (1-0), samedi à Osaka, et retrouvera le Brésil sur sa route en demi-finale. Qualifiés à l'issue d'un match terne, les Turcs débarquent pour la première fois de leur histoire dans le dernier carré d'un Mondial en retrouvant le Brésil, mercredi à Saitama au Japon. Opposés lors de leur premier match de la compétition aux Brésiliens qui s'étaient imposés dans la douleur (2-1), grâce à un penalty discutable transformé par Rivaldo en fin de match, auteur ensuite d'une lamentable simulation ayant entraîné l'exclusion d'Hakan Unsal, les Turcs se voient donc offrir une chance de prendre leur revanche. Une mission périlleuse face à la seule formation qui a réussi à remporter tous ses matches depuis le début du Mondial. Mais, même si le Turc est naturellement vindicatif, il reste trop malin pour tomber dans le piège d'une vengeance mesquine à l'heure où l'équipe nationale écrit la plus belle page de son histoire. En revanche, les Brésiliens, privés de Ronaldinho, artisan du succès contre l'Angleterre, et que Ronaldo est incertain, vont devoir, une nouvelle fois, partir à l'assaut d'une formation quadrillant parfaitement bien le terrain et sachant attendre son heure avec patience. En football, même si les matches se suivent, le scénario est rarement identique ni le résultat d'ailleurs.