La tomate, la salade, les aubergines sont cédées à 100 DA le kilo, les oignons à 50 DA, et les poivrons sont intouchables. Il n'est pas du tout aisé de vivre à Béjaïa. Non pas que la ville manque de charme, mais en raison des prix de la mercuriale qui ont atteint un seuil intolérable. Aussi bien dans les magasins d'alimentation que dans les marchés quotidiens et hebdomadaires, les prix défient toute concurrence. Le consommateur marque à chaque fois son étonnement face à cette envolée qui fait jaser tout le monde. «Je ne fais que passer», dit cette ménagère qui, sur les lieux depuis deux heures, n'a encore rien acheté. «Je suis en train de voir s'il faudra attendre la fin du marché pour profiter d'éventuels rabais», ajoute-t-elle, non sans faire montre de gêne. Comme elle, d'autres citoyens que nous avons rencontrés au marché éprouvent d'énormes difficultés pour s'approvisionner. «Les temps sont vraiment durs» avoue ce père de famille. Tout le monde parle de la pomme de terre, dont le prix a franchi un seuil jamais atteint, 80 et 90 dinars. «C'est pas normal que l'Etat n'intervienne pas», assène ce consommateur qui a remarqué notre présence. Hier dans les marchés de la ville nous avons constaté une situation que l'élection présidentielle a reléguée au second plan. Dans les marchés on achète peu mais on commente beaucoup et on s'indigne devant cette cherté de la vie. Notre déplacement nous a renseignés sur l'état d'esprit des gens qui expriment partout leur lassitude. En effet, la tomate, la salade, les aubergines sont cédées à 100 DA le kilo, les oignons à 50 DA, et les poivrons sont intouchables pour les petites bourses. Les consommateurs ne sont pas les seuls à se plaindre, les commerçants aussi. «Avec ces prix exorbitants, je gagne moins car je ne vends pas beaucoup», regrette ce commerçant qui estime que le marché doit être régulé, autrement point de salut. «Les prix varient au gré des spéculateurs», soutient-il avant de préciser que lui et ses camarades «ne font que prendre leur marge réglementaire». En fait, le marché d'autrefois, ce lieu où l'on pouvait faire ses emplettes dans des conditions respectables, n'existe plus. Le citoyen moyen ne trouve plus son compte aujourd'hui. C'est toute une tradition qui s'en va. Le plaisir de faire un tour au marché s'est transformé en calvaire que tout un chacun voudrait éviter. Mais est-ce possible lorsqu'on est père de famille? Assurément pas! Et c'est là tout le drame que vit la société.