Des clubs de football sans terrain pour recevoir, il y en a beaucoup dans la wilaya de Tizi Ouzou, mais des stades sans club il n'y en a qu'à Boudjima. Le fait apparaît pour le moins bizarre mais au vu de l'histoire qui a engendré ce fait l'on comprend facilement les raisons. Pour paraphraser un ancien président de club de la même commune, c'est un accouchement mortel qui s'y est déroulé. Les faits remontent au début des années 90. En ces temps, les amoureux du ballon rond de la localité n'avaient comme distraction les week-ends que les matchs de leur club, le MB Boudjima. Les dirigeants comme les joueurs faisaient des efforts considérables pour s'acquitter des 200.000 dinars de frais d'engagement. La veille des rencontres, les jeunes amoureux du club se démenaient pour des quêtes en vue d'assurer la restauration et le transport. En fait, la vie du club ne dépend que de leur apport bénévole. Cependant, à leur grande stupéfaction un rival commençait à voir le jour. Une autre équipe de football dans la même commune. Des sportifs ont annoncé la création d'un club qui allait s'appeler l'AC Boudjima. En apparence, cela ne représentait pas un danger pour l'ancien club, mais en réalité le mal couvait à l'intérieur des deux structures. Une histoire de leadership avait débuté en coulisses. A l'origine, les rivalités politiciennes. Aux premières années du multipartisme, toutes les formations politiques ont cru que les clubs sportifs allaient constituer un réservoir d'électeurs. Les attaques en tous genres se multipliaient alors pour devenir une véritable guerre entre les deux parties. Les fans ont assisté à une véritable guerre de clans. Au bout d'une saison, il ne restait plus de place pour le football. La saison qui a suivi verra le renouvellement des structures du MO Boudjima compromis. L'AC Boudjima n'a, quant à lui, pas pu voir le jour. Et la commune de Boudjima sera alors dépourvue de club. L'histoire des politiciens qui ont essayé d'accoucher de deux équipes se termine en drame. Les deux sont mort-nés. En fait, ces mêmes gens qui ont cru faire de la politique avec le sport ont continué durant des années leurs pratiques qui ne sont que des carnavals. Les citoyens ont continué à assister à une rivalité insensée. Après chaque élection locale, le portail du stade changeait de couleur. Tantôt, il est habillé de couleurs jaunes d'un parti, tantôt de couleur bleue de l'autre. Aujourd'hui, les deux bébés du football sacrifiés sur l'autel de la politique ne sont plus qu'un lointain souvenir. Boudjima n'a plus de club pour le défoulement des jeunes. Il ne demeure qu'un stade habité par les fantômes et parfois traversé par des tournois sporadiques.