Depuis plusieurs semaines, les différents «médiateurs» - notamment européens, qui séjournèrent à tour de rôle dans la région, à l'instar du ministre allemand des Affaires étrangères Joshka Fischer, ou le « M.diplomatie » de l'UE, Javier Solana - tentent d'organiser une rencontre entre le leader palestinien Yasser Arafat et le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres. Comme l'a déjà indiqué M. Arafat, une rencontre avec Shimon Peres, est la bienvenue, mais pour parler de quoi? Quelle en sera l'utilité? C'est en vérité là le fond du problème : rencontrer le chef de la diplomatie israélienne, juste pour discuter de l'«arrêt de la violence» n'a simplement plus de sens dans le contexte qu'est celui du Proche-Orient. Le fait est que le chef du gouvernement israélien «autorise» son ministre des Affaires étrangères à rencontrer Yasser Arafat, à la condition de n'avoir comme sujet de discussion que l'«arrêt de la violence» - selon la terminologie israélienne. Aussi, Yasser Arafat, en plusieurs occasions, s'est-il interrogé sur l'utilité d'une telle rencontre qui ne prend en compte que les seules préoccupations israéliennes - l'aspect sécuritaire qui n'est, en fait, que l'une des conséquences du gel du processus de paix et de l'arrêt du retrait israélien des territoires occupés - en indiquant: «Nous ne disons pas non aux propositions de nos amis européens, américains ou russes, pour rencontrer M.Peres, car nous sommes attachés au processus de paix en vertu des résolutions des sommets arabes et de l'ONU, et en vertu du principe de la terre contre la paix». Aussi, selon le leader palestinien, Shimon Peres, «est le bienvenu» mais, se demande-t-il aussitôt, «de quoi allons-nous discuter?». En effet, de quoi vont bien pouvoir discuter Palestiniens et Israéliens, du moment que le chef du gouvernement israélien n'entend pas reprendre des discussions politiques avec les Palestiniens, considérant même, dès sa prise de pouvoir, le président de l'Autorité autonome palestinienne comme, non pas un adversaire avec lequel il faudra bien négocier, mais comme un «terroriste» à «éliminer», à «abattre». Menace que le boucher de Sabra et Chatila avait réitérée à plusieurs reprises ces derniers mois tenant même Yasser Arafat comme le principal, sinon le seul obstacle à la «paix israélienne». Loin de condamner ces propos bellicistes et irresponsables du premier responsable israélien, la communauté internationale «influente» donne l'impression d'attendre la suite des événements. Le fait même que les Etats-Unis font obstacle au Conseil de sécurité à l'envoi d'une force internationale ou d'observateurs internationaux dans les territoires occupés, atteste bien de cette dérive qui consisterait dans la résolution du problème palestinien par l'élimination physique de ses dirigeants et responsables politiques. Israël commet dans l'indifférence presque générale, des assassinats extrajudiciaires des Palestiniens de toute obédience. Hier encore, un dirigeant du Fatah, le parti du président Arafat, a été assassiné à Tulkarem (Cisjordanie) par l'armée israélienne. Aussi, les Palestiniens ne veulent, en aucun cas, se suffire d'une rencontre avec Shimon Peres qui serait sans objet et dès lors posent trois préalables à toute rencontre Arafat-Peres. Dans ce contexte, les Palestiniens veulent connaître «la position d'Israël sur les recommandations du rapport Mitchell si Israël entend mettre fin au blocus des territoires palestiniens, cesser ses attaques et geler sa politique de colonisation». Ce que jusqu'à présent le gouvernement Sharon a refusé de prendre en compte. Les Américains, qui n'ont rien fait pour amener les Israéliens à plus de mesure dans leurs attaques massives ou ciblées contre les Palestiniens, estiment de leur côté, selon le porte-parole du département d'Etat, qu'«une rencontre Arafat-Peres pourrait s'avérer utile». Comment aider à rétablir un niveau de confiance entre les deux parties, lorsque Israël s'emploie à isoler El-Qods-Est du reste de la Cisjordanie? En effet, la direction palestinienne a affirmé vendredi, qu'Israël «cherchait à isoler El-Qods-Est des territoires palestiniens en appliquant de nouvelles mesures militaires». «Le gouvernement israélien exécute, depuis trois jours, un plan militaire pour isoler El-Qods du reste des territoires palestiniens», indique un texte rendu public par Wafa, après la réunion de la direction de l'Autorité autonome palestinienne, sous la présidence de Yasser Arafat. De fait, les Israéliens ne font absolument rien pour désamorcer la tension sur le terrain. Aussi, quelle utilité peut bien avoir une rencontre Arafat-Peres, si celle-ci doit se réduire à discuter du sexe des anges?