Le retrait de l'armée syrienne du Liban est la seconde exigence des Européens. “Il faut réfléchir sur les solutions possibles aux problèmes difficiles de la région (…) profiter de ce sommet pour faire avancer le processus de paix globalement”. Cette exhortation des pays arabes à signer la paix avec Israël et entre eux est de Javier Solana. Le haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne intervenait, hier, à l'ouverture de la 17e session du sommet de la Ligue arabe à Alger. Selon lui, l'heure n'est plus “à la confrontation, mais à la concertation”. Cette entente rêvée entre tous les voisins du Moyen-Orient et du Maghreb fait office de leitmotiv dans le discours de Washington. Une perspective aussi positive séduit également à Bruxelles. Solana le professe. Pour autant, il ne dit pas de quelle manière la pacification souhaitée sera réalisée. Il se contente d'énumérer quatre clauses dont il faut tenir compte “soutenir politiquement le nouveau leadership palestinien”, “faire du retrait de Gaza un pas réussi vers la paix”, “lutter contre les extrémistes qui des deux côtés sont si proches” et “rappeler toujours que les principes d'une paix durable n'ont pas changé”. Jusque-là, l'Europe s'est officiellement distinguée par un traitement relativement juste du conflit israélo-palestinien en renvoyant les autorités de Tel-Aviv à la légalité internationale, notamment au retrait des territoires occupés en 1967. Le cérémonial qui a présidé aux funérailles de Yasser Arafat en novembre dernier à Paris, se voulait l'expression d'une solidarité infaillible à l'égard du peuple palestinien. La solennité des obsèques avait, d'ailleurs, irrité Georges W. Bush qui, auparavant, avait refusé de recevoir Abou Ammar de son vivant à la Maison-Blanche. Cependant, en dépit de la compassion affichée par Paris et ses alliés européens à l'égard des Palestiniens, le sacrifice des intérêts d'Israël est hors de propos. La puissance du lobby pro-israélien sur le Vieux Continent, naguère théâtre de l'Holocauste, interdit ce genre de “sentimentalisme”. Il est donc tout naturel que Solana, à partir d'Alger, appelle “à faire avancer le processus de paix”. En clair, il demande aux pays arabes de faire un pas en direction d'Israël. Des initiatives individuelles existent çà et là. La dernière en date provient de Zine El- Abidine Ben Ali, président de la Tunisie qui adressait, il y a quelques semaines, une invitation au premier ministre israélien, Ariel Sharon, à se rendre à Tunis à l'occasion d'un sombre séminaire sur les hautes technologies. Au nom des tous ses pairs au sein de la ligue, la Jordanie, à son tour, a cru possible d'enclencher un processus de réconciliation globale, en commençant par tenir des relations commerciales avec Tel-Aviv, en attendant un “arrangement politique”. Ayant soulevé une vaste polémique au sein de la réunion des ministres des Affaires étrangères, cette proposition a été soustraite de l'ordre du jour du sommet. Ce qui a conduit le roi Abdallah II à boycotter la grande messe du Palais des Nations. Pour autant, sa proposition n'est pas tout à fait enterrée. Elle résonne autrement, selon des formulations plus ou moins vagues, comme celle de Solana. La pacification que martèle le représentant de l'UE comprend bien évidemment le règlement du problème libanais. Au moins sur ce point, Bruxelles et Washington sont tout à fait d'accord. Les deux capitales exigent le retrait de l'armée syrienne du pays du Cèdre dans les plus brefs délais. “Il faut contribuer à la construction d'un Liban souverain, indépendant et démocratique”, a clamé Solana. S. L.