L'élève algérien est pris dans un engrenage scolaire à carences multiformes. Pour la troisième fois consécutive, le lycée Ould Torki de Bou Ismaïl surplombant la mer, abrite depuis samedi dernier, la correction des épreuves du bac de la session de juin 2002. La correction des épreuves de toutes les séries, fixée à dix jours, a été effectuée avec beaucoup de prudence. Le 29 juin, à 8 heures précises, 22 professeurs retenus dans chaque matière, participeront aux délibérations à l'issue desquelles les candidats connaîtront les résultats définitifs. Ces délibérations seront présidées, cette fois-ci par des inspecteurs de l'enseignement secondaire ou à défaut, des professeurs d'université. Comme de coutume, lors du premier jour consacré aux corrections des sujets et à la répartition du barème, un grand nombre de maladresses dans la formulation des questions et des confusions ont été constatées dans la plupart des épreuves. Au cours de l'année scolaire, les professeurs de l'enseignement secondaire sont contraints à six jours de formation pendant lesquels les inspecteurs déterminent entre autres les critères de choix des textes et les modalités d'élaboration des sujets. Les jours d'examen, et à leur grande surprise, les candidats ont rencontré autre chose que ce qu'ils avaient appris. Cela confirme bien la mainmise sur les sujets du bac et leur confection par des profanes ou des enseignants incompétents. Pour ce qui est des épreuves d'anglais et de français des séries sciences et lettres, les correcteurs déclarent avoir rencontré des compositions très valables, qui honorent la langue de Shakespeare et celle de Molière. Une politique dépassionnée de l'apprentissage des langues étrangères reste cependant à encourager et à promouvoir en vue de l'ouverture sur l'universel. Au troisième jour des corrections, un questionnaire problématique a été distribué aux professeurs. En vérité, on évalue qui? quoi? Par rapport à quoi? Comment? Dans quel objectif? Et de surcroît, l'évaluation hâtive, dans la foulée de la correction, ressuscitera-t-elle notre système éducatif? L'élève algérien est pris dans un engrenage scolaire à carences multiformes. Dans tous les centres de correction, des diagnostics ont été effectués dans toutes les matières. Cependant, jusqu'à ce jour, aucune thérapie efficace à la pathologie n'a été envisagée. Les efforts titanesques fournis par certains élèves visent en premier lieu l'obtention d'une bonne note pour s'assurer la réussite et accéder aux études supérieures ou s'orienter vers les instituts après concours. La réussite honore également les parents et conclut avec une satisfaction morale une période scolaire émaillée de menaces de grève et assistée, pour une minorité d'élèves aisés, de cours du soir chèrement payés. Le nouveau ministre de l'Education exhumera-t-il les projets de réformes auxquels il a participé? Toujours est-il qu'il faut en finir avec des réformes superficielles dictées par une volonté politique préoccupée plus par des chiffres fallacieux que par l'objectivité. De profondes réformes s'imposent si l'on veut rattraper nos voisins...