Obama rentre à Washington en estimant avoir réparé les liens avec l'Amérique latine, mais beaucoup reste à faire alors que le cas de l'île des Caraïbes reste irrésolu. Le président Barack Obama rentrait hier de son premier grand rendez-vous avec les dirigeants des Amériques en laissant irrésolu le désaccord cubain, mais avec le sentiment d'avoir convaincu ses interlocuteurs qu'une nouvelle ère de dialogue avait commencé. Pendant les trois jours d'un Sommet réunissant les chefs d'Etat et de gouvernement d'Amérique du Nord et du Sud, d'Amérique centrale et des Caraïbes, M.Obama aura beaucoup entendu ses interlocuteurs le presser de lever l'embargo sur Cuba, seul pays absent de la réunion. Il les aura entendus lui signifier que, cette fois, la crise internationale n'était pas née dans la région, une façon de lui rappeler les mauvaises manières économiques des Etats-Unis. Il aura entendu les tenants de l'anti-américanisme comme le président nicaraguayen Daniel Ortega accuser les Etats-Unis de contribuer à la pauvreté en Amérique latine, de poursuivre leurs menées colonisatrices, de réprimer leurs immigrés. Il aura vu le président vénézuélien Hugo Chavez lui offrir son amitié et un livre sur l'exploitation des ressources de l'Amérique latine depuis le XVème siècle. Mais il a répondu ne pas être «venu pour débattre du passé». Après les années Bush où ils se sont souvent sentis ignorés, méprisés ou brusqués, il leur a offert d'ouvrir avec la première puissance mondiale un «nouveau chapitre» de coopération et de dialogue d'égal à égal face aux grandes menaces du moment: une nouvelle «décennie perdue» pour l'Amérique latine durement touchée par la récession aux Etats-Unis, le crime organisé, la montée des océans qui pourrait engloutir certains Etats caraïbes. Quelques jours après être allé à la conquête des coeurs des dirigeants d'Europe, il a été chaleureusement applaudi par leurs collègues des Amériques. Et il a été entendu, selon ses collaborateurs. «La colère visait plus les ennemis communs, la pauvreté, l'instabilité budgétaire, la croissance ralentie, et moins les Etats-Unis ou l'impérialisme» que lors de précédentes rencontres régionales, a dit un conseiller de M.Obama, Larry Summers. «Il y avait une espèce de sentiment de franchise, et la reconnaissance de part et d'autre qu'on ne serait pas en accord total sur toutes les questions, et que ce n'était pas un problème», a-t-il dit. Ainsi de Cuba. «Je crois qu'il est juste de dire qu'on a un désaccord sur Cuba, et le président l'a dit clairement», note un de ses collaborateurs, Denis McDonough. C'est le président vénézuélien qui a conduit la résistance sur Cuba, au risque de contrarier l'offensive de charme de M.Obama. Mais, au bout du compte, c'est M.Chavez qui désignait un nouvel ambassadeur aux Etats-Unis après avoir rappelé le précédent en 2008. M.Obama a annoncé un nouvel effort pour faire ratifier par les Etats-Unis un accord inter-américain contre le trafic d'armes servant aux cartels de la drogue; un fonds de 100 millions de dollars pour favoriser les prêts aux petites entreprises; 30 millions de dollars pour renforcer la sécurité dans les Caraïbes; un «Partenariat des Amériques pour l'énergie et le climat». La Maison-Blanche avait dit qu'il ne fallait pas s'attendre à de grands effets d'annonce: M.Obama venait écouter et relancer le dialogue. Une fois sur place, la Maison-Blanche a ajouté une mise en garde vague mais ferme. Le président pense que les photos, les grands sourires et les poignées de mains, c'est important, mais cela ne vaut pas l'épreuve des faits et les «tests importants» qui attendent, et «le président suivra cela de très près», a dit M.McDonough.