L'absence de volonté politique réduit à néant toute idée de développement et d'investissement. La localité d'Ighrem relevant de la municipalité d'Ahnif, située à une trentaine de kilomètres à l'est de la wilaya de Bouira, demeure recluse dans sa vétusté. Pourtant, Ighrem était prédestinée à devenir un pôle de développement d'autant que la bourgade est traversée par la route Nationale 5. Mais la réalité est tout autre. La RN5 n'a fait que traverser le village sans pour autant contribuer à son développement. Les 5000 habitants se contentent de voir le train du développement traverser leur bourgade, tel un courant d'air, sans s'arrêter. En dépit de son emplacement, Ighrem peine à faire sa mue. L'absence de volonté politique réduit à néant toute idée de développement et d'investissement. L'autre problématique a trait à la résorption de l'habitat précaire. Les bidonvilles et les ghettos font partie du décor quotidien des populations d'Ighrem, au même titre d'ailleurs que celles des autres localités de la commune d'Ahnif, à l'image d'Ighil N'Ath Ameur. Ces localités n'ont jamais bénéficié du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP). Et pour cause! «Les habitants de ces cités ne possèdent pas d'acte de propriété», souligne un élu de la commune d'Ahnif. Selon des informations, environ 30% de l'ensemble des habitations sont vétustes. A titre indicatif, la cité construite en torchis, et datant de l'époque coloniale, précisément en 1959, tout en menaçant ruine, reste debout comme pour rappeler aux éventuels passagers, le souvenir douloureux d'un passé colonial, d'une part, et que, d'autre part, 47 ans après l'indépendance le vent de la modernité ne souffle guère sur la localité. Les habitants n'ont de cesse de formuler des demandes auprès des autorités, à même de régler ce problème, en mettant à leur disposition un terrain viabilisé. En vain. En plus de l'aspect juridique, le déficit en foncier est un autre obstacle. En outre, il suffit d'une petite averse pour que le village s'embourbe en hiver et suffoque en été, de la poussière. Aucun projet d'aménagement urbain n'est inscrit à l'ordre du jour. En contrepartie, les autorités locales se sont empressées de réaliser une placette publique. Comme si l'esthétique passe avant le développement, seul à même de réduire le chômage et de faire sortir le village de son sous-développement. Décidément, les autorités n'accordent que peu d'égard au bien-être du citoyen. Si l'adage dit que les «murs ont des oreilles», on est tenté dans ce cas de dire que «les oreilles ont des murs...»