Alors que les prises d'otage se multiplient en Somalie, en mer comme sur terre, la communauté internationale se réunit demain à Bruxelles pour tenter d'aider l'Etat somalien en déliquescence à rétablir l'ordre dans ce pays en guerre civile depuis près de 20 ans. Conformément à la résolution 1863 du Conseil de sécurité de l'ONU de janvier, les Nations unies, l'Union africaine et l'Union européenne organisent une conférence des donateurs pour soutenir la mission de maintien de la paix de l'UA en Somalie (Amisom) et aider au «rétablissement» et à la formation des forces de sécurité somaliennes. Il faut «aider les autorités somaliennes à renforcer l'Etat de droit et faciliter le processus de réconciliation politique» entamé au début de l'année, a précisé un porte-parole de l'ONU, Yves Sorokobi. Les pays riches frappés par la crise économique rechignent de plus en plus à aider le monde en développement, mais l'ONU, qui sera représentée par son secrétaire général Ban Ki-moon, espère malgré tout récolter plus de 150 millions d'euros, a indiqué la Commission européenne. Sur les douze prochains mois, quelque 100 millions sont nécessaires pour financer l'Amisom, plus de 35 millions d'euros en nature (véhicules blindés, tentes, équipement...), ainsi que 24 millions d'euros pour les forces somaliennes, a-t-elle précisé. «Tout ce qui se passe en Somalie est la conséquence d'un manque d'Etat. Nous avons besoin de moyens financiers et de soutien politique», a plaidé l'ambassadeur de l'UA à Bruxelles, Mahamat Saleh Annadif. «Il faut que le monde s'intéresse à la Somalie et pas seulement quand il y a de la piraterie, qui n'est qu'une conséquence de la situation», a-t-il insisté. Alors que les missions militaires navales de l'Otan et de l'UE dans le golfe d'Aden ne parviennent pas à enrayer la multiplication des attaques contre des navires, la piraterie n'est officiellement pas au programme de la conférence. Mais la situation en Somalie et la piraterie au large «sont deux choses liées» et la conférence pourrait donc prendre «une autre dimension», a indiqué John Clancy, porte-parole du commissaire européen au Développement, Louis Michel. «Il n'y aura pas de solution sur la mer sans solution sur la terre», a-t-il ajouté, soulignant que le phénomène des pirates était le «résultat du délabrement de l'Etat somalien». De plus en plus de clans somaliens se tournent en effet vers la piraterie, une des activités les plus lucratives dans un pays livré au chaos depuis le début d'une guerre civile en 1991. Ce pays très pauvre de la Corne de l'Afrique échappe en majeure partie au contrôle d'institutions de transition sans réels pouvoirs. Depuis le retrait en décembre de l'armée éthiopienne qui soutenait le gouvernement de transition, l'Amisom est la dernière force étrangère présente. Comptant 4300 hommes (Ougandais et Burundais), loin des 8000 initialement prévus, l'Amisom est déployée à Mogadiscio depuis mars 2007 et est régulièrement la cible des insurgés islamistes radicaux. Certains pays africains plaident pour son remplacement par une force de l'ONU, mais le Conseil de sécurité est divisé sur cette question. Outre Ban Ki-moon et Louis Michel, assisteront à la conférence, le nouveau président somalien et chef des islamistes modérés Sharif Cheikh Ahmed, le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa et une trentaine de donateurs internationaux.