La capitale de l'Ouest jouit d'un potentiel architectural à forte charge historique qui gagnerait à être préservé. Un des plus vieux métiers de la construction au monde, celui de la taille de la pierre, semble renaître de ses cendres à Oran à la faveur de la mise sur pied d'un atelier de formation à cette profession par l'association Santé Sidi El Houari (SDH) dans le quartier historique dont elle porte le nom. L'apprentissage de cette activité se déroule sur le site même de l'association, dans une cour du vieil hôpital de la capitale de l'Ouest algérien, où les stagiaires jouissent d'un environnement favorable à leur bonne évolution pédagogique et pratique. La création de cet atelier signe le développement des échanges entre l'association SDH et son homologue française Marpen, qui capitalise plus de 40 années d'expérience dans le domaine de la restauration du patrimoine rural et de l'insertion des jeunes dans les métiers du bâtiment. L'apprentissage qui s'étend sur une durée de quatre mois doit permettre aux bénéficiaires de se professionnaliser et de former, par la suite, d'autres jeunes dans ce segment d'activité. Pascal, un spécialiste français de l'association Marpen, chargé d'animer l'atelier dans le cadre du partenariat avec SDH, observe attentivement ses élèves qui s'apprêtent à mettre en pratique leurs précédentes leçons sur la stéréotomie, branche technique consacrée au tracé et à la coupe des solides. Avant d'attaquer la moulure d'un cube de pierre posé sur un tasseau, les deux adolescents prennent soin de garder à portée de main leur outillage. Ces exercices permettront, un jour, à ces jeunes de pouvoir restaurer une corniche (couronnement saillant d'une construction), un chaînage d'angle (consolidation de l'angle formé par deux murs) ou un pilier avec un chapiteau, de réaliser des sols, des jambages de portes et de fenêtres, explique l'animateur. A l'issue de leur stage, les apprentis deviendront des encadrants techniques et formeront, à leur tour, d'autres personnes. Mais cette formation des jeunes encadrants à Oran sera suivie d'un autre stage de perfectionnement au niveau des chantiers écoles de l'association Marpen en France. Simple en apparence, la restauration exige, selon ce spécialiste, tout un travail préalable, appelé «calepinage» dans le jargon professionnel, qui consiste à identifier et à numéroter chacune des pierres composant l'élément à restaurer, sachant qu'une bâtisse fortement dégradée nécessite son démontage pièce par pièce. Les élèves de SDH sont ainsi appelés à répondre à la demande d'une ville qui compte des dizaines de monuments et des centaines de constructions en pierre de taille, que seules des mains expertes sont à même de sauver de l'usure du temps qui passe. Un jour, que d'aucuns souhaitent proche, verra assurément la création, à Oran, des premières microentreprises entièrement dédiées à la mise en valeur du matériau de nos ancêtres, contribuant ainsi à la renaissance d'un métier du passé...pour mieux construire l'avenir.