L'entreprise démolie emploie huit personnes dans une commune connaissant un fort taux de chômage. Un chômeur âgé de 43 ans et père de huit enfants, a vu sont petit projet réduit en ruine en une fraction de seconde, le 3 mars dernier. Un projet qu'il a monté avec toutes les peines du monde au bout de quatre longues années. La décision de démolition portant n°84 émane de la mairie des Issers qui a programmé ce jour-là deux ou trois habitations illicites à raser dans le cadre de «la réhabilitation de l'autorité de l'Etat». Cependant, si la bâtisse du nommé C. Karim érigée près de l'oued Djemaâ a été complètement rasée, une salle de jeu située entre deux bâtiments résidentiels (un espace de sécurité) a été paradoxalement épargnée par les engins de l'APC. Le propriétaire a défié toute l'escouade locale composée de Mme la chef de daïra, du maire et de la force publique mobilisée pour la circonstance. En outre, cette opération de nettoyage n'a véritablement pas fait long feu puisque depuis ce jour, on n'a plus entendu parler d'aucune autre démolition dans la localité des Issers. (L'opération serait remise pour après les élections) indique-t-on. Les élections sont passées mais l'opération du «rétablissement de l'autorité de l'Etat» n'est pas relancée. Le hic dans cette histoire, c'est que l'on s'en est pris à une petite entreprise qui emploie pas moins de huit pères de famille dans une commune connaissant un fort taux de chômage et ayant connu dernièrement une manifestation de chômeurs. Selon les dires du malheureux propriétaire, «le maire aurait été soudoyé par les tenants des abattoirs illicites du souk aux fins de me mettre les bâtons dans les roues». Ce dernier nous a exhibé un paquet de documents administratifs obtenus pour la concrétisation de son projet (un abattoir de volailles). Qu'il y ait autorisation d'occupation de terrain délivrée par l'ex-APC, ayant d'ailleurs permis l'éligibilité du bénéficiaire à l'octroi d'un crédit par la banque et l'agence Cnac, cela n'a pas empêché la démolition. En fait, le propriétaire s'apprêtait à lancer son activité lorsque le couperet est tombé. Les nombreuses requêtes et recours en vue d'une régularisation de la situation du terrain sans cesse adressées respectivement au directeur des domaines, au wali et aux autorités communales sont restées lettre morte. Pour ce cas de figure, selon la réglementation régissant les domaines privés de l'Etat, le propriétaire de ce projet ouvre bel et bien droit à une concession de terrain. Sinon, comment aurait-il pu obtenir les crédits bancaires et l'attestation d'éligibilité remise par la Cnac? Enfin, l'APC censée aider les porteurs de ce genre de projets, sachant qu'au niveau des Issers, il n'existe qu'un seul abattoir datant de l'ère coloniale et au demeurant loin de satisfaire aux conditions d'hygiène, aurait «mis le plaignant devant le fait accompli». Cela étant, les responsables communaux doivent certainement avoir des priorités à même de satisfaire les besoins des citoyens. Aussi, loin de diminuer les efforts qu'ils déploient sur le terrain souvent difficile ou de les accuser d'un quelconque laisser-aller, il faut dire que le cas de ce citoyen mérite d'être regardé de plus près.