Benbouabdellah a été nommé à ce poste depuis le 24 mars 2009 en remplacement de Abdelmadjid Messaoudi, après avoir occupé la fonction de secrétaire général du Fonds de garantie automobile. Notre interlocuteur estime que le chiffre d'affaires du secteur évolue positivement après avoir atteint 50,3 milliards de dinars lors des neuf premiers mois de l'année dernière et 53 milliards en 2007. L'Expression: Est-ce que le rapport sur les résultats de la production du secteur des assurances en 2008 est prêt? Benbouabdellah: Il y a un bond important en matière de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'exercice 2008 ainsi que pour le quatrième trimestre de la même année. Il reste à affiner les résultats pour l'ensemble des intervenants. Est-ce que la note de conjoncture va contenir des nouveautés? Nous nous sommes limités à une analyse habituelle même si des changements doivent être apportés dans la présentation et les points d'analyse en concertation avec tous les acteurs. Nous nous définissons en tant que centre de concertation et on étudiera la question avec les compagnies pour faire ressortir les éléments qu'il faut faire parvenir à des personnes intéressées par cette activité. Quelle action comptez-vous mener pour résoudre les problèmes soulevés par les assurés? Nous connaissons ces problèmes mais il faut cerner les raisons de ce mécontentement. On s'attellera à mettre en place un système efficace d'écoute de part et d'autre. On doit connaître les avis des assurés qui sont la véritable «énergie» qui impulse sa dynamique au secteur. Les compagnies sont intéressées pour prendre en charge les soucis de leur clientèle. Le CNA inscrit à son actif le souci d'établir des règles définissant une méthodologie pour mettre en place un système d'échange d'informations avec les compagnies et les assurés pour susciter une réflexion à ce sujet. Quelle est la formule envisagée? Cela pourrait prendre la forme d'un comité représentant les assurés et les assureurs. Il y aurait aussi un questionnaire destiné aux assureurs et aux assurés pour pouvoir disposer d'une vue d'ensemble afin de déceler les points fort et les points faibles. Même avant de procéder à cette étude, on constate qu'il y a une insatisfaction des clients, notamment en ce qui concerne les titulaires d'une assurance automobile. Il y a cette réalité sur le terrain et sa prise en charge est une nécessité à laquelle l'ensemble des acteurs seront associés. On constate que la convention d'indemnisation directe des assurés n'est pas appliquée. Il faudrait savoir pourquoi. Je ne connais pas les raisons qui ont conduit à l'absence de son exécution. Il faut apporter les correctifs nécessaires et arriver à un compromis et à une entente de tous les intervenants. C'est de cette manière qu'on pourra essayer d'apporter la solution optimale et prendre en charge et de la meilleure manière la question relative à la célérité de l'indemnisation. Les sociétés veulent aller de l'avant mais il y a des contraintes. Elles essayeront de corriger cet état de fait. Dire que le problème d'exécution de cette convention est uniquement dû aux compagnies serait un jugement précoce et non fondé. Associer d'autres éléments à la solution serait la meilleure chose pour régler les problèmes. Il y aura peut-être même une étude qui sera menée sur ce sujet. Les clients insatisfaits ne manqueraient pas, entre-temps, d'avoir recours à la justice pour faire valoir leurs droits... Si un assuré juge que ses droits sont bafoués, la loi lui permet de défendre ses intérêts légalement. Il ne faudrait pas que ce soit systématique car les compagnies font des efforts pour parvenir à des règlements à l'amiable. Il y a, bien sûr, la question des délais, mais ce cas peut aussi se présenter avec le recours à la justice. Comment définissez-vous le rôle du CNA dans ce contexte? Le CNA est un outil mis en place par les pouvoirs publics pour en faire un centre de concertation et de réflexion afin de permettre aux acteurs de débattre des questions concernant toute la communauté. Cet outil permet aussi aux pouvoirs publics de disposer d'éléments pouvant les aider à apporter des correctifs nécessaires au marché des assurances. Parmi les dossiers sur lesquels se penche le CNA se trouve celui des assurances dans l'agriculture. Qu'est-ce qui est fait dans ce domaine? Il y a une avancée et la réflexion se traduit par quelques idées phares. L'étude n'est pas encore menée à son terme et la réflexion reste ouverte. Nous allons voir de quelle manière nous pouvons apporter notre contribution pour disposer d'un document qui reflète l'état actuel de la situation. Dans le passé, il y a eu des campagnes de sensibilisation des citoyens sur les assurances, notamment contre les catastrophes naturelles, mais ils n'ont toujours pas une vision claire sur ces produits. Est-ce que cette perception peut évoluer? Il y a une méconnaissance de la réglementation et des produits d'assurance offerts par les compagnies. Il y a des éléments qui font que le potentiel des assurés a une mauvaise définition de certains produits. Pour ce qui est de l'Etat, il a toujours été présent dans les moments difficiles et il l'a prouvé à plusieurs reprises. Notre rôle est d'essayer de nourrir la réflexion et proposer des pistes pour arriver à un modèle autre que celui de l'intervention directe de l'Etat. Le CNA essaiera de les traduire en une réflexion pour permettre aux pouvoirs publics et aux compagnies de parvenir à une meilleure prise en charge en cas de catastrophe naturelle. La culture de l'Algérien n'est portée sur ce genre de produits que lorsque c'est obligatoire. Il faut conduire des actions pour vulgariser ce volet et susciter une prise de conscience, car ce produit permet la protection des biens. Quel regard portez-vous sur l'intervention de l'Etat dans le secteur? L'Etat s'est doté d'outils pour prendre en charge l'ensemble des soucis sur le marché. Les pouvoirs publics apportent aussi des améliorations à travers des textes adoptés depuis les années 1970. La loi de finances 1970 a institué un fonds spécial des indemnisations des dommages corporels en cas d'accident de la circulation si aucun assureur n'intervient et en 1975, l'ordonnance 74-15 relative à l'obligation d'assurance et le régime d'indemnisation. Dans les années 1980, il y a eu d'autres textes qui ont étoffé les premiers. En 1995, il y a eu l'ouverture du marché et en 2006, la loi a apporté de nouveaux outils pour la protection des assurés, à l'exemple de la création du Fonds de garantie des assurés en cas de défaillance des compagnies. Est-ce que le marché peut s'enrichir de nouvelles compagnies lorsqu'on sait par exemple qu'AXA est freinée dans son élan par les nouvelles dispositions du gouvernement? Il y aura probablement de nouvelles compagnies. Il n'y a pas de restriction spécifique et les compagnies sont libres de s'installer. Il est normal de s'ouvrir mais il faut qu'il y ait des balises pour sauvegarder nos intérêts et maîtriser cette option. On verra le comportement des compagnies lorsqu'il y aura une manifestation d'intérêt de leur part. On constate que les compagnies séparent les différentes branches d'assurance, est-ce une bonne méthode pour booster l'assurance des personnes? Le CNA n'a pas de prérogatives en la matière. Les sociétés ont une organisation en fonction de leurs objectifs et de leur stratégie. La rémunération par le Trésor est jugée faible, ce qui freinerait l'essor de certains produits d'assurance comme ceux liés à la retraite... Les valeurs du Trésor sont sécurisées et garanties par l'Etat. Si l'on se réfère à ce qui se fait dans d'autres pays, on s'aperçoit que ces valeurs sont rémunératrices même si ce n'est pas important par rapport aux autres produits. Il faut accorder du temps au marché pour arriver à une situation reflétant le taux du marché et la réalité financière. En outre, même les taux des autres dépôts proposés par les banques sont faibles et assortis de conditions liées à la période. Donc, il y a diverses raisons à cette situation et il faut traiter ce point correctement. Les compagnies continuent de réclamer l'augmentation des primes d'assurance automobile. Quel est votre avis sur ce dossier? Les compagnies peuvent estimer que l'augmentation qui a déjà été décidée n'est pas suffisante selon certains critères. Je pense qu'il y a lieu de prendre en compte la situation financière de chaque compagnie, au cas par cas. Nous souhaitons que les compagnies associent le CNA sur cette question avec une vision sur une possible augmentation ou diminution en fonction de leur gestion financière. Quel est votre avis sur l'ouverture concernant les sociétés de courtage? C'est une question à évaluer avec beaucoup de soins. Si ouverture il y a, il faut qu'elle soit menée de manière prudente et réfléchie.