La branche est sur le point de réaliser un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars en 2008. Le secteur des assurances pourrait clôturer l'année 2008 avec une production estimée à 65,8 milliards de dinars. C'est du moins ce qu'a annoncé hier le secrétaire permanent du Conseil national des assurances lors d'une conférence de presse organisée à Alger consacrée à la présentation de la note de conjoncture du marché des assurances. “Nous allons clôturer avec un chiffre d'affaires avoisinant un milliard de dollars”, a renchéri le président de l'Union algérienne des sociétés d'assurances et de réassurances, M. Amara Latrous. Au 30 juin 2008, le chiffre d'affaires du secteur a atteint 38 milliards de dinars (hors acceptation internationale de la CCR) contre 29,3 milliards de dinars à la même période en 2007, soit une augmentation de 29,8%. Contrairement au 1er semestre de l'année 2007, c'est la branche IARD (Incident-accident et risque divers) qui réalise la meilleure performance avec un taux de croissance de 56,3% et une contribution à la production additionnelle du secteur de près de 67%. La sous-branche des risques industriels a contribué fortement à cette augmentation grâce, en premier lieu, à l'assurance incendie qui a connu une hausse de 80% sous l'effet de changement dans la date et la période de souscription de Sonatrach. La branche Engineering, profitant des retombées des grands projets du programme de relance économique, a connu, elle aussi, une hausse de près de 65%. L'assurance des catastrophes naturelles ont enregistré une croissance de près de 49% comparativement à la même période de 2007. Cependant, son poids ne dépasse pas 6% de la production de la branche IARD et 2% de la production totale du secteur. Elles n'ont contribué qu'à hauteur de 3% de la production additionnelle du marché. L'automobile arrive en deuxième position avec une part de 42% et un taux de croissance de 20,9%. L'augmentation de 5% du tarif de la garantie, responsabilité civile obligatoire (RC) en janvier 2008, a eu une incidence très modérée sur le chiffre d'affaires de la branche, cette garantie, en fait, ne représente que 20% de l'ensemble du portefeuille automobile. La progression du chiffre d'affaires des assurances des personnes (22,6%) est due en grande partie aux assurances de groupes et aux assurances prescrites par les banques lors de l'octroi de crédits. Avec seulement une part de 5,5% du chiffre d'affaires, les assurances de personnes n'ont contribué que pour environ 3,5% de la production additionnelle. Ces chiffres, comme l'a bien souligné le secrétaire permanent du CNA, font ressortir que la croissance, appréciable enregistrée par le secteur, est essentiellement portée par des facteurs exogènes liés à l'augmentation du marché des véhicules et les investissements publics. Le taux de pénétration l'activité en Algérie (ce taux est calculé sur la base du chiffre d'affaires de l'activité par rapport au PIB) représente à peine 0,6% actuellement largement en-deçà de la moyenne mondiale. C'est dire l'ampleur du retard à rattraper et “l'énorme besoin de protection et de prévoyance non satisfait”. Ces chiffres en fait, au-delà du taux de croissance, indiquent tout le chemin qui reste à parcourir pour que l'Algérie construise un marché de l'assurance en rapport avec ses capacités économiques. En l'état actuel, le potentiel est immense. II n'est qu'à voir le nombre d'entreprises et de professions libérales qui ne sont pas assurées. De grands pans de l'activité économique ne sont pas couverts, pas même en responsabilité civile, alors qu'ils en sont tenus par la loi. L'épargne des ménages non captée est d'un niveau très élevé. Le secteur des assurances est relativement à l'abri de cette crise financière mondiale, souligne M. Abdelmadjid Messaoudi. “Nous observons un renchérissement modéré de la réassurance internationale”, a indiqué le secrétaire permanent du CNA. Les réassureurs auxquels les sociétés d'assurances algériennes font appel sont européens, qui sont peu touchés par la crise par rapport aux autres réassureurs à travers le monde. Les réassureurs européens ont mis en œuvre des dispositifs prudentiels, comme les principes de solvabilité II, extrêmes rigoureux. Par ailleurs, le président de l'UAR a affirmé que le marché des assurances est de plus en plus convoité par les entreprises étrangères, à la faveur du règlement du contentieux algéro-français. Un certain nombre de compagnies a déposé des demandes d'agrément. Le secrétaire permanent du Conseil national des assurances a parlé d'une enquête menée par le CNA sur les retards dans les indemnisations des accidents corporels qui en moyenne durent trois années. M. Abdelmadjid Messaoudi affirme qu'il est possible de ramener ce délai à 15 mois, pour peu que l'assuré accepte le règlement à l'amiable, proposé généralement par les sociétés d'assurances. Car une bonne partie du retard est imputé au traitement du dossier par la police et la justice. Pour autant, comme l'a indiqué le patron d'Alliance, M. Khelifati, “l'assuré doit être au centre des préoccupations de la compagnie d'assurance”. Meziane Rabhi