Le ministère des Affaires étrangères turc a jugé «inacceptables» certaines parties du message annuel des Etats-Unis sur les massacres d'Arméniens perpétrés en 1915 sous le régime ottoman, écrit cette année par le président Barack Obama. «Nous considérons certaines expressions du message et la perception de l'histoire qu'il renferme concernant les événements de 1915 comme inacceptables», a indiqué le ministère turc dans un communiqué. Selon le ministère, le jugement sur les atrocités qui ont eu lieu dans les années de déliquescence de l'empire ottoman pendant la Première guerre mondiale doit être laissé aux historiens. Dans son communiqué, le ministère turc a également déploré le fait que le message d'Obama ne mentionne pas «les centaines de milliers de Turcs» tués dans les combats entre Turcs et Arméniens pendant ces années-là. Il s'est en revanche réjoui du soutien d'Obama aux efforts actuels de rapprochement entre Turquie et Arménie. Dans le communiqué publié par la Maison-Blanche qui était très attendu en 2009 parce que c'était son premier sur le sujet, le président américain parle de ce qui s'est passé comme de l'une des «grandes atrocités du XXe siècle». Il reprend aussi à son compte le chiffre, contesté par la Turquie, d'un million et demi d'Arméniens tués. Mais il n'emploie pas le mot de génocide ce qui aurait pu causer un incident avec la Turquie. Il préfère utiliser l'appellation arménienne de «Meds Yeghern», pour «grande calamité». La communauté arménienne des Etats-Unis a vivement critiqué le manquement à ses promesses de la part de M.Obama qui, quand il était candidat, s'était engagé à reconnaître la réalité d'un génocide s'il était élu. M.Obama dit dans son communiqué ne pas se désavouer: «J'ai exprimé avec constance mon opinion personnelle sur ce qui s'est passé en 1915, et mon opinion sur l'histoire n'a pas changé. Ce qui continue à m'intéresser, c'est une reconnaissance entière, franche et juste des faits». La question d'un génocide arménien est un champ de mines diplomatique. Les Arméniens font pression pour que soient reconnus comme tel les massacres et déportations qui, entre 1915 et 1917, ont tué selon eux plus d'un million et demi d'entre eux. La Turquie reconnaît qu'entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri, non pas victimes d'une campagne d'extermination selon elle, mais dans le chaos sévissant dans les dernières années de l'Empire ottoman.