Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié hier de «parodie» la résolution d'une commission du Congrès américain sur le «génocide» arménien, estimant qu'elle affecterait tous les pays concernés. Ce vote est le résultat de «politiques erronées», a jugé M.Erdogan dans des déclarations devant un groupe d'hommes d'affaires retransmises par la télévision. La Turquie «ne sera pas entravée par une telle comédie, une telle parodie, un tel fait accompli», a-t-il assuré. «Laissez-moi vous dire très clairement que cette résolution ne nous affectera pas. Mais elle nuira aux relations bilatérales entre les pays, leurs intérêts et leurs visions pour l'avenir. Nous ne serons pas les perdants» a ajouté le Premier ministre turc. La Turquie a demandé vendredi à Washington de bloquer une résolution qualifiant de «génocide» les massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman, votée jeudi par une commission de la chambre des représentants, avertissant que le texte allait nuire aux efforts turcs de réconciliation avec l'Arménie. Ankara a rappelé son ambassadeur à Washington qui est arrivé tôt hier en Turquie, a rapporté l'agence Anatolie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré dans le journal Hurriyet qu'il ne fallait pas s'attendre à un retour rapide de l'ambassadeur, Namik Tan, à Washington. Pour faire pression sur le gouvernement américain, Ankara travaille à une série de mesures concernant la coopération économique turco-américaine, et notamment les contrats d'armements, selon la presse turque. Le texte américain, qui, même s'il était approuvé par l'ensemble de la chambre, ne serait pas contraignant, appelle le président Barack Obama à «qualifier de façon précise l'extermination systématique et délibérée de 1.500.000 Arméniens, de génocide». Les Arméniens qualifient de «génocide» les massacres et déportations qui, entre 1915 et 1917, ont fait, selon eux, plus d'un million et demi de morts au sein de leur communauté. La Turquie reconnaît qu'entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri, non pas victimes d'une campagne d'extermination mais, selon elle, dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman. La notion de génocide a été reconnue par la France, le Canada et le Parlement européen.