La Bosnie a commémoré dimanche le quinzième anniversaire du massacre de Srebrenica perpétré par les forces serbes en juillet 1995 contre la population musulmane de Bosnie, un crime vivement dénoncé par la communauté internationale qui le qualifie de "déshonneur pour l'histoire de l'Europe". Plusieurs milliers de personnes, dont des familles des victimes, des personnalités mondiales ainsi que des chefs d'Etat et de gouvernements, ont participé aux cérémonies commémoratives, qui ont débuté en fin de matinée, et durant lesquelles des appels à la réconciliation entre les nations de la région des Balkans ont été lancés. Le président serbe, Boris Tadic a estimé que sa présence à Srebrenica est "un acte de réconciliation et de construction de passerelles entre les nations de l'ancien Etat commun" yougoslave. Dans un communiqué commun des responsables de l'Union européenne (UE), assistant aux cérémonies de commémoration, ont qualifié de "point déshonorant l'histoire de l'Europe", le génocide de Srebrenica, le plus grave massacre commis sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale. Pour sa part, le président américain Barack Obama a appelé à l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, qui échappe à la justice internationale depuis son inculpation en 1995 de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pendant la guerre de Bosnie (1992-95). "Ce massacre de Srebrenica est une tache sur notre conscience collective", a reconnu le président Obama. "Il ne peut y avoir de paix durable sans justice", sans "la poursuite et la condamnation de ceux qui ont perpétré le génocide", a insisté le président Obama, dans un message lu durant la commémoration, à laquelle ont assisté également le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, et du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Présent à Srebrenica, le chef du gouvernement britannique, David Camerona, a, lui aussi, appelé à poursuivre "sans relâche" les auteur de ce massacre jusqu'à ce qu'ils comparaissent devant la justice". D'autre part, M. Cameron a saisi cette occasion pour faire part du soutien de son gouvernement, qui, a-t-il promis, "oeuvrera par tous les moyens en vue d'aider la Bosnie-Herzégovine dans les efforts de son adhésion à l'Union européenne et à l'Otan. De son côté, l'organisation de la Conférence islamique (OCI), par la voix de son secrétaire général, Akmaleddine Ihssane, a rendu hommage aux victimes de ce massacre, appelant à empêcher de se reproduire ce genre de crimes dans le futur. "Cette tragédie qu'a vécue le peuple bosniaque, nous rappelle nos responsabilités communes de travailler ensemble pour empêcher que ce genre de crimes ne se reproduise dans le futur", a souligné le chef de l'OCI. Les Nations unies, le Parlement européen et le Congrès américain ont décidé de considérer la commémoration du génocide de Srebrenica comme une "Journée mondiale de solidarité avec les victimes de ce massacre". En mars dernier, le Parlement serbe avait, dans une résolution, condamné le massacre de Srebrenica après des années de refus par la Serbie de reconnaître la gravité de ce massacre. En juillet 1995, les forces serbes qui avaient envahi Srebrenica, une enclave musulmane, alors "zone protégée" des Nations unies ont tué, en l'espace de quelques jours, plus de 8.000 musulmans, sans distinction d'âge. Sous les fortes pressions internationales, la Serbie s'était engagée à poursuivre et à arrêter Mladic, inculpé de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Le procureur du TPI, M. Serge Brammertz, a jugé samedi "nécessaire à la crédibilité de l'Union européenne" l'arrestation de ce mis en cause, toujours en fuite. L'arrestation de Mladic, "reste un test pour la crédibilité de l'UE à l'intérieur comme à l'extérieur", a estimé M. Brammertz. Outre Mladic, Radovan Karadzic, qui était, lui aussi chef militaire et politique des Serbes de Bosnie au moment du massacre, avait été arrêté en juillet 2008 à Belgrade, et il est actuellement poursuivi en justice à La Haye.