Expérimentée et ayant le privilège de la stabilité, l'actuelle équipe n'a pas le droit à l'erreur. Aucune circonstance atténuante ne lui sera accordée pour un quinquennat aux défis immenses doublés d'une crise internationale. Rien de nouveau au Palais du gouvernement. En plus de la reconduction de Ahmed Ouyahia dans les fonctions de Premier ministre, le président de la République a décidé de reconduire le gouvernement dans sa composition actuelle, à l'exception de Soltani Bouguerra qui a démissionné et de Ahmed Noui qui a été nommé secrétaire général du gouvernement. C'est ce qu'a rapporté hier, en début d'après-midi, un bref communiqué de la Présidence dans lequel il est précisé que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a remis sa démission. Le Président a reçu «ce jour Ahmed Ouyahia qui lui a présenté sa démission» et a «décidé de reconduire Ahmed Ouyahia dans les fonctions de Premier Ministre», a indiqué le communiqué de la Présidence. «Compte tenu du calendrier international ainsi que des exigences internes, le chef de l'Etat a décidé de reconduire le gouvernement dans sa composition actuelle», a également expliqué le communiqué. Ce sont surtout «les exigences internes» qui dicteraient ce choix. Par «exigences» il faut surtout entendre «urgences» qui attendent l'Exécutif qui entamera une deuxième mi-temps des plus rudes. Les défis à relever sont énormes. Il s'agit des dossiers de la jeunesse, de l'emploi, de l'habitat et des chantiers annoncés pour le prochain quinquennat par le président élu. Expérimentée et ayant le privilège de la stabilité, l'actuelle équipe gouvernementale n'a le droit ni à l'erreur ni à la tergiversation. Aucune circonstance atténuante ne lui sera accordée pour un quinquennat aux défis immenses doublés d'une crise internationale qui fait chavirer même les économies les plus puissantes de cette planète. Le soulagement exprimé par les ministres ne durera donc que le temps d'un soupir. C'est carrément à un rythme infernal que cette équipe sera soumise et la chute sera fatale pour ceux qui traîneront le pied. D'autre part, l'annonce de la nouvelle ancienne équipe gouvernementale, libère quelque peu la scène politique nationale et même étrangère rivée à ce qui sortira des entrailles de la Présidence. En effet, depuis le 19 avril, date de la prestation de serment du président élu, l'activité gouvernementale était plongée dans une sorte d'agonie. La peur au ventre, la majorité des ministres étaient cloîtrés dans leurs bureaux, en attendant la nouvelle. La moindre supputation de la presse était discutée et commentée. Au plan international, ce sont les chancelleries étrangères établies en Algérie qui ne savaient plus sur quel pied danser. «Nous attendons d'avoir un interlocuteur officiel, c'est important pour nous la nomination du Premier ministre», confie un responsable des affaires économiques dans une ambassade étrangère établie à Alger. «Depuis une semaine, nous ne savons plus quoi répondre à des hommes d'affaires qui nous sollicitent pour d'éventuels investissements et sur l'état du marché en Algérie. Nous les faisons patienter en attendant de voir plus clair», ajoute ce responsable. «(...) En ce qui me concerne je n'aime pas beaucoup le changement.» C'est ce qu' a confié le candidat indépendant, Abdela-ziz Bouteflika, en mars dernier, dans l'un de ses meetings de campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril dernier. Les résultats officiels des urnes ont choisi la continuité à la place du changement et M.Bouteflika a été réélu pour un troisième mandat avec une majorité écrasante. C'est à cette logique que semble obéir la reconduction du staff gouvernemental: le président a donc opté pour la continuité. Ainsi, c'est la quatrième fois que ce diplomate de carrière, réputé pour ses qualités de gestionnaire, se retrouve à la tête de l'Exécutif. M.Ouyahia a été nommé Premier ministre le 15 novembre 2008 après la suppression du poste de chef de gouvernement qu'il occupait depuis juin 2008. En effet, une révision de la Constitution adoptée le 12 novembre 2008 a supprimé la fonction de chef de gouvernement au profit de celle de Premier ministre chargé d'appliquer le programme du président de la République. Ahmed Ouyahia, 57 ans, a eu à présider le gouvernement de 1996 à 1998 puis de 2003 à 2006.